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Interview dermatologue sur les traitements contre la rosacée.

Interview du Dr. AMODE : " Interview du Dr. AMODE : "Rosacée au visage : les traitements disponibles."

Selon le stade et la forme de la rosacée, il existe plusieurs types de traitements pouvant être prescrits par le médecin afin de réduire les symptômes et améliorer l'évolution de la maladie. Dans cet interview, le Dr. AMODE, Dermatologue et Vénérologue à Paris, nous partage ses connaissances et ses conseils en matière de traitements de la rosacée.

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Question n°1 : "Peut-on guérir de la rosacée ?"

"La guérison complète de la rosacée est difficile en raison de l'évolution chronique et du caractère multifactoriel de la maladie. Toutefois, les cas de quiescence prolongés et spontanés ne sont pas rares. On peut enfin affirmer que les traitements actuellement disponibles permettent dans la grande majorité des cas de contrôler les poussées et de prévenir les rechutes. Les dispositifs à base d’énergie (lasers et IPL) offrent quant à eux la possibilité de traiter les rougeurs et vaisseaux dilatés pour les patients demandeurs."

Question n°2 : "Existe-t-il des alternatives naturelles pouvant participer au soulagement des symptômes de la rosacée ?"

"Peu d’études permettent d’étayer l’usage de traitements naturels dans la rosacée. Dans l'érythro-couperose et les formes vasculaires de la rosacée, on peut citer l'huile essentielle d'immortelle (Helichrysum italicum). Les huiles essentielles  doivent être utilisées diluées (5% maximum). Il est également possible d'utiliser des eaux florales, comme celles à base de géranium et de lavande vraie, qui ont un effet bénéfique sur les peaux séborrhéiques. Les huiles végétales sont en revanche déconseillées, hormis l'huile de jojoba et l'huile d'argan qui sont non-comédogènes. L'aloe vera est aussi bien tolérée. L’aromathérapie et la phytothérapie sont en pratique rarement suffisantes. Ils peuvent faire partie de la routine cosmétique ou être utilisés en complément du traitement médical."

Question n°3 : "Les traitements doivent-ils être suivis à vie ?"

"La rosacée est une maladie dite chronique. L’évolution est faite de poussées entrecoupées de périodes de rémissions plus ou moins prolongées. Le traitement d’attaque est maintenu jusqu’à efficacité complète, puis progressivement espacé jusqu'à la dose minimale efficace qui constituera un traitement de fond (traitement local minimisant le risque de récidive)."

Question n°4 : "Quelles sont les dernières avancées en matière de traitement de la rosacée ?"

"Les traitements de la rosacée actuellement proposés, comme le métronidazole, l'ivermectine ou encore l'acide azélaïque, sont relativement anciens et permettent actuellement une bonne prise en charge de la maladie. Il existe toutefois des développements, encore en phase précoce, concernant des traitements dits biologiques ciblant des étapes clefs de l’inflammation."

Question n°5 : "Est-ce que les traitements utilisés sont les mêmes chez les adultes et les enfants ?"

" Dans le cas de la rosacée infantile, il n'existe pas de prise en charge standardisée car les cas restent relativement rares. Le choix de la prescription relève généralement du spécialiste qui adapte sa prescription au cas par cas, en fonction des symptômes présentés et de l'âge du patient."

Question n°6 : "Quels sont les effets potentiels des médicaments topiques ou oraux utilisés pour traiter la rosacée sur d'autres aspects de la santé, tels que la flore intestinale ou la fonction hépatique ?"

"Les médicaments sous forme topique présentent tous un risque de pénétration au niveau de la circulation sanguine qui dépend de la quantité appliquée, de la zone d’application (peau, demi-muqueuse, muqueuse) et des propriétés de la molécule. Ce risque est négligeable pour les traitements topiques de la rosacée. 

Les traitements oraux sont des antibiotiques de la famille des cyclines. La minocycline n’est plus utilisée en raison de risques immuno-allergiques. La doxycycline peut provoquer un reflux gastro-œsophagien. Il convient de ne pas s'allonger après la prise. C’est également une molécule photosensibilisante, nécessitant donc une protection adaptée contre les UV.  

Les cyclines, ici employées à faible dose pour leurs effets anti-inflammatoires, pourraient impacter la flore intestinale, et être à l'origine de maux de ventre et de diarrhées. En pratique, la cure qui dure habituellement moins de 3 mois est très bien tolérée."

Question n°7 : "Lorsqu’on est face à un patient qui ne répond pas aux traitements de première intention, quelle est la démarche à suivre ?"

"Il est rare que le patient ne réponde à aucun traitement médicamenteux. En général, des médicaments sous formes topiques sont prescrits seuls lorsque la sévérité est légère. Dans un second temps, si les traitements topiques ne font pas effet, on les associe à un traitement oral par cyclines.

En cas d’échec ou de rechutes fréquentes, de l'isotrétinoïne par voie orale peut être prescrite à faible dose en l’absence de contre-indication et sous réserve d’un suivi scrupuleux. En cas de résistance thérapeutique, le cas du patient est présenté lors de réunions de concertation, comme celles du groupe DEFI (Dermatoses Faciales) de la Société Française de Dermatologie, assurant une expertise pour les cas difficiles."

Question n°8 : "Essaie-t-on de retarder les traitements par chirurgie ou sont-ils pratiqués sur demande du patient ?"

"Le traitement du rhinophyma est interventionnel : chirurgie ou laser. Il est réalisé en cas de gêne fonctionnelle ou esthétique du patient."

Question n°9 : "Est-ce que la rosacée peut récidiver suite à un traitement par laser ?"

"L’érythrose et la couperose, souvent associées à la rosacée, répondent aux dispositifs à base d’énergie tels que les lasers vasculaires ou les lumières pulsées de haute intensité médicales à visée vasculaire. Le traitement permet une amélioration à moyen terme. Il est en pratique répété tous les 2 à 5 ans du fait de rechutes. Outre l'amélioration esthétique, ces traitements peuvent contribuer à diminuer les symptômes comme les bouffées vasomotrices, voire poussées inflammatoires." 

Question n°10 : "Quel est l’effet des compléments alimentaires sur la rosacée ?"

"L’usage de compléments alimentaires n’est pas recommandé dans la rosacée. Il convient de rappeler que les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments, tant sur le plan des effets attendus (apport nutritionnel et non effet thérapeutique) que sur le plan réglementaire (ANSES et non ANSM). Le zinc par voie orale présent dans certains compléments peut toutefois présenter un intérêt, mais il peut être prescrit sous forme médicamenteuse par le dermatologue."

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