L'acide hyaluronique accélère-t-il la pousse des cheveux ?

Le cycle capillaire suit un processus bien précis en 3 grandes phases : la phase anagène, ou phase de pousse, la phase catagène, ou phase de repos, et la phase télogène, ou phase de chute. La tige capillaire prend naissance à la racine du follicule pileux, plus précisément au niveau de la papille dermique, richement innervée et favorisant la prolifération et la croissance des kératinocytes ainsi que l'induction de nouveaux follicules pileux. La papille dermique est un lieu d'échange qui permet au cheveu de recevoir les différents nutriments et l’oxygène nécessaires à sa croissance. 3 à 6 ans après la naissance du cheveu, une rupture physique s'opère entre la papille dermique et le bulbe pileux où la tige est ancrée. Ne recevant plus les éléments dont il a besoin, le cheveu cesse de croître et tombe de lui-même après quelques mois.

Peu d'actifs sont capables d'agir sur le cycle capillaire. En ce qui concerne l'acide hyaluronique, il n'existe à l'heure actuelle pas de preuve scientifique de son efficacité sur la pousse des cheveux en application topique. En revanche, une étude in vitro laisse présager de son action. Menée sur des follicules humains, cette dernière a montré que l'acide hyaluronique augmente la sécrétion du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF), un médiateur clé de l'angiogenèse. En déclenchant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, le VEGF accompagne la croissance des tissus et promeut la pousse des cheveux. Le tableau suivant détaille les effets de l'acide hyaluronique sur l'activité du VEGF observés par les chercheurs.

Par ailleurs, un essai clinique mené avec 12 hommes s'est intéressé aux effets des injections d'acide hyaluronique sur l'alopécie androgénétique. Pendant huit semaines, les volontaires ont reçu des injections ciblées d'un complexe acide hyaluronique - peptides toutes les deux semaines. Les résultats ont été contrôlés six mois après et sont consignés dans le tableau suivant. Ils témoignent d'une véritable efficacité de cette méthode sur l'alopécie androgénétique, obtenue sans effets secondaires dans cette étude. Il est toutefois important de souligner que l'amélioration notée ne peut être attribuée à l'acide hyaluronique seul, ce dernier ayant été couplé à des peptides.

De plus, il est recommandé d'être prudent concernant les injections d'acide hyaluronique. En effet, si celles-ci se passent bien dans la majorité des cas, certains cas de réaction cutanée doivent alerter (œdèmes, érythèmes, douleurs...). Cela concerne également les injections d'acide hyaluronique dans le cuir chevelu. Une patiente de 54 ans a récemment expérimenté des désagréments suite à ce processus. Après avoir reporté des douleurs suite à des injections d'acide hyaluronique, elle a signalé une décoloration, des démangeaisons et des croûtes au niveau de son cuir chevelu. 18 jours après, la patiente a subi une importante perte de cheveux là où les injections avaient été faites. Des hyaluronidases, des enzymes dégradant l'acide hyaluronique, ont alors été injectées en urgence, permettant la disparition des douleurs deux jours plus tard. Les cheveux de la patiente ont ensuite repoussé normalement mais cet épisode rappelle que, si la dermatologie esthétique a de nombreux bienfaits, les risques d'effets secondaires sont toujours présents.

Points clés à retenir :

• Aucune étude n'a à l'heure actuelle montré que l'acide hyaluronique en application topique accélère la pousse des cheveux.

• Les injections d'acide hyaluronique couplé à des peptides sont efficaces pour lutter contre les pertes de cheveux mais les potentiels effets indésirables sont lourds.