Facteurs externes prévalence eczéma atopique.

Les facteurs environnementaux qui expliquent l'augmentation de la prévalence d'eczéma atopique dans la population.

L’eczéma atopique, également appelé dermatite atopique, est une maladie cutanée évoluant par poussées et provoquant des plaques rouges et de fortes démangeaisons. Depuis plusieurs années, on observe une hausse de la prévalence d'eczéma atopique dans la population mondiale. Découvrons ensemble quels facteurs environnementaux peuvent expliquer cette augmentation.

Sommaire
Publié le 11 octobre 2023, mis à jour le 7 août 2024, par Pauline, Chargée de la Communication Scientifique — 7 min de lecture

Eczéma atopique : une hausse de la prévalence.

L'eczéma atopique est une maladie inflammatoire chronique de la peau évoluant par poussées et se caractérisant par une peau très sèche et des plaques rouges prurigineuses. Cette dermatose se développe dans la plupart des cas dans la petite enfance et persiste à l'âge adulte dans 10 à 15% des cas. L'eczéma touche 2 millions d'adultes en France, ce qui représente près de 4% de la population. Il s'agit de la deuxième maladie de peau la plus fréquente, juste après l'acné. Depuis quelques années, on observe une hausse de la prévalence de l'eczéma atopique, estimée à 1% tous les 10 ans.

L'eczéma atopique survient chez les personnes présentant un terrain génétique atopique, c'est-à-dire provoquant des réactions allergiques à des éléments environnementaux courants, comme les poils d'animaux, la poussière, ou encore le pollen. Cette atopie est causée par un dysfonctionnement de la barrière cutanée, dû à un manque de production de sébum, de lipides et de molécules d'adhésion cellulaire. On observe aussi que les personnes souffrant d'eczéma atopique présentent souvent une anomalie sur le gène codant pour la filaggrine, une protéine essentielle au bon fonctionnement de la couche cornée.

Augmentation de l’eczéma atopique : quels sont les facteurs environnementaux responsables ?

Bien qu'elle soit intimement liée à la génétique, la dermatite atopique est favorisée par plusieurs facteurs environnementaux. Ces derniers jouent un rôle prépondérant dans le déclenchement des crises d'eczéma. Ainsi, des modifications de notre mode de vie entraînant une hausse de ces facteurs environnementaux provoquent par la même occasion une augmentation de la prévalence de l'eczéma atopique. On peut notamment penser aux éléments suivants :

  • Une hygiène renforcée.

    Formulée en 1989 par David STRACHAN, un chercheur universitaire, la théorie hygiéniste repose sur l'hypothèse selon laquelle une réduction de l’exposition en bas âge aux infections et aux composantes microbiennes dans les pays industrialisés entraîne une diminution de la maturation du système immunitaire et, en conséquence, une augmentation de la prévalence des maladies allergiques, auto-immunes et inflammatoires, telles que l'eczéma. Or, si des preuves ont effectivement été établies lors d'études épidémiologiques au sein des pays industrialisés, la théorie hygiéniste a toutefois des limites et le facteur hygiène ne rend pas compte de l'augmentation de l'incidence d'eczéma atopique dans les pays moins développés.

  • Un mode de vie de plus en plus urbain.

    D'après l'Organisation des Nations Unies (ONU), la population urbaine augmente fortement dans le monde alors que la croissance de population rurale mondiale ralentit et devrait baisser à partir de 2030. En 2018, l'ONU estimait que 55% de la population mondiale vivait en environnement urbain, contre environ 40% en 2000. Or, une étude a montré que les personnes évoluant en environnement urbanisé étaient plus sujettes à l'eczéma atopique que les autres. La pollution, facteur aggravant les poussées d'eczéma, en est notamment responsable.

  • Un tabagisme encore élevé.

    Fumer est un facteur de risque au développement d'eczéma atopique en raison des substances irritantes et polluantes qu'une cigarette contient. Ces composés traversent facilement la fragile barrière cutanée des peaux atopiques et y déclenchent des réponses immunitaires à l'origine des poussées d'eczéma. Toutefois, malgré toujours plus de campagnes de de prévention, le nombre de fumeurs dans le monde ne décroît pas, ce qui contribue à augmenter la prévalence d'eczéma atopique.

  • Le stress en hausse.

    Plusieurs études scientifiques ont démontré qu'il existait un lien entre eczéma et stress. Divers mécanismes sont à l'œuvre, parmi lesquels la réduction de la synthèse des lipides de la couche cornée médiée par le cortisol, l'hormone du stress. La barrière cutanée, déjà fragile dans une peau atopique, s'amenuise encore.

    Or, le stress est de plus en plus prédominant dans le monde et s'inscrit dans une logique d'insatisfaction permanente. Les sociologues observent que les individus d'aujourd'hui semblent attendre davantage de la vie que les générations précédentes, ce qui les pousse à se fixer des objectifs ambitieux. Les désirs de réalisation de soi et d'accomplissement personnel prennent de l'ampleur mais s'accompagnent parfois d'une gestion du temps inégale entre vies personnelle et professionnelle et d'un investissement au travail (trop ?) lourd, conduisant à un stress important. Deuil, séparations, inquiétudes à propos des crises économiques, politiques, sanitaires et climatiques mondiales sont d'autres facteurs générateurs de stress.

  • Le changement climatique.

    Évoqué précédemment comme cause de stress, le changement climatique est également à l'origine d'une augmentation généralisée de la température moyenne. D'après le Ministère de la Transition Écologique, la température mondiale annuelle a connu une hausse de presque 1°C depuis la fin du XIXème siècle. Les personnes souffrant d'eczéma atopique sont sensibles à la chaleur qui est un facteur déclencheur des démangeaisons. Il est donc possible que l'augmentation généralisée de la température ait contribué à la hausse de la prévalence d'eczéma atopique mondiale.

Sources

  • ROGUEDAS A. M. et MISERY L. Atopie et stress. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (2004).

  • SPULS P. & al. Is there a rural/urban gradient in the prevalence of eczema? A systematic review. The British Journal of Dermatology (2010).

  • GOLDENBERG G. & al. Eczema. The Mount Sinai Journal of Medicine (2011).

  • BURKEMPER N. & al. The association of smoking with contact dermatitis and hand eczema - a review. International Journal of Dermatology (2018).

Diagnostic

Découvrez votre
typologie de peau.