Huile de soja perturbateur endocrinien.

Perturbateur endocrinien : faut-il se méfier de l’huile de soja ?

Certaines sources affirment que l’huile de soja est un perturbateur endocrinien car elle contient des phytoœstrogènes, des molécules pouvant se lier aux récepteurs à œstrogènes présents dans l'organisme. Qu'en est-il vraiment ? L'huile de soja est-elle est un perturbateur endocrinien ? Existe-t-il un risque à l'utiliser en cosmétique ? Nous faisons le point dans cet article.

Sommaire
Publié le 1 février 2024, mis à jour le 4 octobre 2024, par Pauline, Chargée de la Communication Scientifique — 7 min de lecture

Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien ?

D'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le terme "perturbateur endocrinien" désigne "une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations". Plus simplement, il s'agit d'une famille de composés capables d'interagir avec le système hormonal, affectant de ce fait différentes fonctions de l'organisme (métabolisme, système nerveux, fonctions reproductrices...).

Les perturbateurs endocriniens peuvent altérer le système hormonal à différents niveaux. Ils peuvent interagir avec la synthèse, le transport, le mode d'action ou encore la dégradation d'hormones. Ainsi, les modifications physiologiques engendrées par les perturbateurs endocriniens sont dues à leurs effets indirects. Les mécanismes d'action des perturbateurs endocriniens sont assez variés mais, le plus souvent, ces substances modifient la production naturelle d'hormones intrinsèques, miment l'action de ces hormones en se substituant à elles ou empêchent leur action en se fixant sur les récepteurs avec lesquels elles interagissent habituellement.

Les origines des perturbateurs endocriniens sont diverses et les sources d'exposition sont nombreuses. En effet, ces molécules peuvent être présentes dans des objets du quotidien tels que les produits ménagers, les cosmétiques, les produits agro-alimentaires... On retrouve également des perturbateurs endocriniens dans l'environnement en raison de contaminations fréquentes des différents milieux, tels que l'eau, les sédiments, les sols, ou encore l'air que nous respirons.

Remarque : il est important de préciser que bon nombre de composés qualifiés de perturbateurs endocriniens sont le plus souvent seulement suspectés de l'être. En effet, il est très difficile de démontrer qu'une substance interagit avec le système hormonal, ce qui explique qu'il n'existe que très peu de perturbateurs endocriniens avérés à ce jour.

Qu’en est-il de l’huile de soja : perturbateur endocrinien ou non ?

L’huile de soja se présente sous la forme d'un liquide doré, facilement absorbé par la peau et peu parfumé. Généralement obtenue par pressage à froid des graines de soja, on la retrouve dans divers soins cosmétiques : les crèmes et les lotions, les produits de soins corporels, les produits de soins de la peau, les produits capillaires, les toniques et les produits de maquillage. Malgré les bienfaits qu'elle apporte à la peau, elle est souvent pointée du doigt et qualifiée de "perturbateur endocrinien".

Cela s'explique par le fait que les graines de soja sont riches en isoflavones, des molécules retrouvées chez les végétaux mais ayant une activité œstrogénique ou anti-œstrogénique chez les êtres humains. En effet, les isoflavones appartiennent à la famille des phytoœstrogènes, des composés ayant une structure moléculaire proche de celle de l'œstradiol, ce qui leur permet de se fixer sur les récepteurs spécifiques à ces hormones. Ce faisant, le soja est susceptible d'interagir avec le système hormonal. Il suit dont bien la définition d'un perturbateur endocrinien car il remplit l’action d’une hormone féminisante. C'est la raison pour laquelle les autorités de santé recommandent de ne pas faire consommer de soja aux enfants de moins de 3 ans et conseillent aux femmes enceintes et/ou allaitantes de faire de même.

Néanmoins, en ce qui concerne l'huile végétale de soja, il est plus difficile de conclure car sa teneur en isoflavones est minime, rendant son pouvoir œstrogénique quasiment nul. En effet, lors de l'extraction de l'huile à partir des graines de soja, les phytoœstrogènes tendent à rester dans les fèves et à ne pas passer dans l'huile. Notons néanmoins que, selon la qualité des graines de soja et la méthode utilisée pour extraire l'huile, la quantité d'isoflavones dans l'huile peut varier.

À l'heure actuelle, le potentiel de l'huile de soja à agir comme un perturbateur endocrinien lorsqu'elle est appliquée topiquement est encore débattu par la communauté scientifique. C'est pourquoi, si l'huile végétale de soja n'est pas officiellement considérée comme un perturbateur endocrinien, il convient de rester prudent et d'attendre que davantage d'études soient menées pour pouvoir conclure.

Huile de soja en cosmétique : existe-t-il des risques ?

Par principe de précaution, l’utilisation cosmétique d'huile de soja pure est contre-indiquée pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants. Comme précisé plus haut, le potentiel de l'huile de soja à agir comme un perturbateur endocrinien n'a pas été suffisamment étudié.

Davantage de travaux ont été menés sur les effets des phytoœstrogènes seuls. Il a été montré que ces composés possédaient des propriétés hydratantes et ralentissaient les mécanismes de vieillissement de la peau. En effet, il semblerait que les phytoœstrogènes stimulent la production de collagène, mais aussi d'acide hyaluronique, un constituant du derme contribuant à la fermeté et à la tonicité de la peau. Cependant, d'autres scientifiques sont moins enthousiastes en ce qui concerne les phytoœstrogènes et reportent des effets négatifs sur la fertilité, dûs à la perturbation de l'activité des œstrogènes.

Point-clé : Il est important de noter que ces études concernent les phytoœstrogènes et non l'huile de soja, qui contient seulement des traces de ces composés. Elles ne constituent ainsi que des preuves indirectes.

Sources

  • EBOSHIDA A. & al. Effects of isoflavone supplement on healthy women. Biofactors (2000).

  • HARRATH A. H. & al. Phytoestrogens and their effects. European Journal of Pharmacology (2014).

  • PLANCHENAULT N. & al. Les aliments au soja : consommation en France, qualités nutritionnelles et données scientifiques récentes sur la santé. Oilseeds & fats, Crops and lipids (2016).

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