Comment faire la différence entre un grain de beauté et un mélanome ?

L’apparition d’un grain de beauté et celle d’un mélanome ne suivent pas les mêmes règles ni la même chronologie. Les premiers se forment généralement durant l’enfance ou l’adolescence, et leur nombre tend à se stabiliser à l’âge adulte. Certains peuvent apparaître plus tard, mais cela est moins fréquent. À noter que les personnes ayant la peau, les yeux ou les cheveux clairs possèdent généralement un plus grand nombre de grains de beauté.

Il en va différemment pour les mélanomes. Même s'ils peuvent apparaître à tout âge, l'âge moyen de leur diagnostic est de 60 ans. C’est pourquoi le développement tardif d’une lésion pigmentée est un élément à surveiller attentivement. Il est néanmoins important d'insister sur le fait que les mélanomes ne concernent pas uniquement les sujets âgés : cela reste le cancer le plus fréquent de l'adulte entre 25 et 50 ans dans les régions occidentales.

Même s'il n'est pas toujours aisé de distinguer un grain de beauté d'un mélanome, leur aspect est légèrement différent. Un nævus classique présente généralement une forme bien définie, avec des bords nets et réguliers et une couleur homogène. Il peut être brun, noir, parfois légèrement bleuté, mais sa couleur est uniforme sur toute sa surface. La surface d'un grain de beauté est normalement lisse, sans relief ni irrégularité notables. De plus, les nævus sont indolores et ne provoquent pas de sensations de démangeaisons.

Le mélanome, en revanche, a un aspect bien plus hétérogène. Ses contours peuvent être mal délimités et sa forme est souvent asymétrique. De plus, un mélanome peut parfois être de différentes couleurs : cette diversité chromatique témoigne d’une prolifération anormale des cellules mélanocytaires. Autre signe à surveiller : un mélanome peut être granuleux, rugueux ou présenter des zones surélevées. Certaines lésions peuvent même suinter, saigner spontanément ou former une croûte, ce qui n’est pas le cas d’un grain de beauté bénin. Enfin, contrairement à un nævus, un mélanome a tendance à évoluer et à grossir rapidement, souvent au-delà de 6 mm de diamètre. Face à une lésion présentant l'une ou l'autre de ces caractéristiques, une consultation rapide chez un dermatologue est essentielle.

Conseil : Pour détecter des nævus atypiques susceptibles de se transformer en mélanome, il est bon de se référer à la méthode ABCDE.

Si l’auto-surveillance des grains de beauté est essentielle, seul un dermatologue peut confirmer avec certitude si une lésion pigmentée est un grain de beauté ou un mélanome.

Lors d’une consultation, le dermatologue commence par un examen clinique détaillé de la peau, en évaluant la taille, la forme, la couleur et la texture des lésions pigmentées. Pour aller plus loin, il utilise souvent un dermatoscope, un instrument optique ressemblant à une loupe qui permet d’observer les structures internes du grain de beauté à l'aide d'un grossissement. Cela permet de révéler des éléments invisibles à l'œil nu, comme des irrégularités vasculaires ou des asymétries structurelles, qui peuvent être un signe de malignité. Si une lésion semble inquiétante, une biopsie est réalisée, c'est-à-dire qu'un échantillon de peau est prélevé pour être ensuite analysé en laboratoire, avec un microscope.

En cas de mélanome avéré, la prise en charge repose sur une exérèse chirurgicale. L’objectif est d’éliminer entièrement la tumeur avec une marge de sécurité autour du mélanome pour limiter le risque de récidive. Si le cancer est à un stade métastatique, c'est-à-dire s'il s'est étendu, une immunothérapie ou, plus rarement, une chimiothérapie, peuvent être pratiquées pour renforcer la réponse immunitaire et bloquer l'évolution du mélanome.

La détection précoce fait toute la différence : un mélanome diagnostiqué tôt se soigne beaucoup plus facilement qu'un mélanome métastatique.