Le peroxyde de benzoyle peut-il être utilisé avec d’autres principes actifs ?

Certains antibiotiques sont largement utilisés dans le traitement de l'acné modérée à sévère. Toutefois, ils sont susceptibles de provoquer une résistance bactérienne au niveau de la flore cutanée. L'association d'antibiotiques avec le peroxyde de benzoyle permet d'améliorer l'efficacité du produit mais permet également de réduire le risque de résistance bactérienne au niveau de la peau car le peroxyde de benzoyle va diminuer rapidement la présence de bactéries, ce qui va limiter l'exposition de celles-ci aux antibiotiques.

• Le peroxyde de benzoyle et l'érythromycine.

  L’association de l’érythromycine et du peroxyde de benzoyle est utilisée dans le traitement topique de l’acné modérée à sévère. L’érythromycine, un antibiotique, inhibe la croissance de Cutibacterium acnes à la surface de la peau, ce qui induit la réduction de la concentration des acides gras libres dans le sébum responsables de l'inflammation cutanée. En combinant cet antibiotique au peroxyde de benzoyle dans un même produit, on limite le développement de la résistance bactérienne et on renforce l’efficacité du traitement. Différentes études ont démontré l'utilité de l'association de l'érythromycine à 3% et du peroxyde de benzoyle à 5% pour le traitement topique de l'acné, notamment une étude réalisée sur 165 patients pendant douze semaines. Les résultats ont montré que la combinaison érythromycine et peroxyde de benzoyle est significativement plus efficace dès la deuxième semaine, que le peroxyde de benzoyle seul ou l'érythromycine seule.

• Le peroxyde de benzoyle et la clindamycine.

  La combinaison de peroxyde de benzoyle et de la clindamycine est une autre possibilité couramment utilisée dans le traitement topique de l’acné modérée à sévère. La clindamycine est un antibiotique topique qui cible les bactéries responsables de l'acné, mais avec un mécanisme différent du peroxyde de benzoyle.

  En effet, elle limite la prolifération bactérienne en bloquant la synthèse des protéines bactériennes, tandis que le peroxyde de benzoyle agit en produisant des espèces réactives de l'oxygène qui interagissent avec les protéines bactériennes en les oxydant, ce qui perturbent leur survie et leurs fonctions. Ensemble, ces deux ingrédients offrent un double effet : le peroxyde de benzoyle combat directement les bactéries et réduit les risques de résistance bactérienne, tandis que la clindamycine limite l'inflammation et les éruptions cutanées.

  Une étude menée sur 2813 patients a évalué sur une période de 12 semaines l'efficacité d'une combinaison de peroxyde de benzoyle (2,5 %) et de clindamycine (1,2 %) administrée quotidiennement, comparée à chaque substance utilisée seule ou au véhicule. Il y a eu une amélioration dans la réduction de l'acné de 28,6 % pour l'association des deux produits, contre 21,9 % pour clindamycine seule et 21 % pour peroxyde de benzoyle seul.

Bien que très efficace, le peroxyde de benzoyle peut parfois provoquer des effets secondaires comme des irritations ou une sécheresse cutanée. Pour pallier ces limitations, il est de plus en plus fréquent de le combiner à d'autres actifs qui viennent compléter et améliorer son action, tout en réduisant les risques d'irritation.

Le peroxyde de benzoyle et la niacinamide dans le même produit pourraient exercer des effets complémentaires et synergiques, améliorant l'efficacité dans le traitement topique de l'acné. Un essai pilote de 28 jours sur 22 patients souffrant d'acné légère à modérée avait pour but d'évaluer cette efficacité. Les résultats ont montré une diminution significative des lésions acnéiques après le traitement par rapport au véhicule. Les lésions non-inflammatoires, inflammatoires et totales ont diminué de 40 %, 43 % et 41 %. De plus, la rougeur de la peau a diminué de 11 % après le traitement et la production de sébum de 42 %.

Par ailleurs, le peroxyde de benzoyle n'est pas toujours bien toléré, en particulier pendant les premières semaines, provoquant une irritation, un érythème et une sécheresse de la peau en interférant dans la barrière cutanée, ce qui entraîne une augmentation jusqu'à 80 % de la perte en eau transépidermique. C'est là que la niacinamide, molécule anti-inflammatoire, rentre alors en jeu. Elle est capable de préserver la fonction de la barrière cutanée en diminuant la perte en eau transépidermique, ce qui permet aux cellules épidermiques d'améliorer la barrière de l'épiderme et le degré d'hydratation.

Cette étude doit néanmoins être interprétée avec précaution, car le nombre de sujets n'est pas assez significatif pour obtenir des résultats sûrs.