Il est de plus en plus fréquent de voir des écrans solaires avec des allégations sans oxybenzone ou formulés sans oxybenzone. Des lois interdisant son utilisation ont été adoptées dans de nombreux pays. Mais pourquoi l'oxybenzone est-il écarté de nombreuses formules d'écran solaire dont celles de Typology ?
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- Pourquoi Typology n'utilise pas de l'oxybenzone ?
Pourquoi Typology n'utilise pas de l'oxybenzone ?
- L'oxybenzone : quel est ce filtre solaire si populaire ?
- L'oxybenzone, un filtre solaire à risque ?
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L'oxybenzone : quel est ce filtre solaire si populaire ?
La benzophénone-3 (2-hydroxy-4-méthoxybenzophénone ; BP-3), communément appelée oxybenzone, est un composé chimique organique (PM = 228,24 g/mol) qui fait partie d'une vaste famille de composés naturels présents dans les plantes, comme la famille des arbustes tropicaux, les Guttifères. Bien qu'il soit présent dans les plantes, la plupart des BP-3 utilisés aujourd'hui sont créés synthétiquement par la réaction de Friedel-Crafts du chlorure de benzoyle avec le 3-hydroxyanisole, et se présente sous la forme de cristaux ou d'une poudre blanche à blanc cassé ou jaune clair très soluble dans la plupart des solvants organiques.
Il est largement utilisé comme filtre UV chimique à large spectre dans les écrans solaires depuis plus de 30 ans pour protéger la peau et les cheveux des dommages causés par les rayons ultraviolets, plus particulièrement des UVA-II et UVB (cancer, taches solaires, imperfections, rides). En Europe, la concentration autorisée en oxybenzone dans les crèmes solaires est actuellement limitée à 6% pour une utilisation sûre et efficace. Il est également autorisé comme filtre UV aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans plusieurs pays de l'ANASE. La BP-3 peut aussi être utilisé comme stabilisateurs pour empêcher la photodégradation dans de nombreux produits.
Scientifiquement parlant, la BP-3 absorbe à la fois les rayons ultraviolets longs et courts du spectre, d'environ 270 à 350 nm, ce qui entraîne un état d'énergie accru appelé excitation photochimique due à la présence de plusieurs groupes chromophores. En revenant de cet état élevé à son état fondamental, l'énergie absorbée entraîne l'émission d'un rayonnement de plus grande longueur d'onde qui est moins nocif que les rayons UV. Ce processus réduit la quantité de rayons UV nocifs pénétrant la peau, ainsi que le risque de lésions de l'ADN.
L'oxybenzone, un filtre solaire à risque ?
Toutefois, des controverses se sont installées autour de cet ingrédient. Il suscite deux préoccupations principales, outre les réactions d'allergie : la peur qu'il s'agisse d'un perturbateur endocrinien, et celle qu'il soit nocif pour la vie marine et les récifs coralliens, alors que de nombreux groupes scientifiques et organismes de réglementation, dont la FDA et le CIR, ont examiné la benzophénone-3 et ont affirmé qu'elle était sans danger pour la santé des personnes lorsqu'elle est utilisée comme ingrédient dans les écrans solaires à la concentration imposée.
Ces controverses viennent des inquiétudes qui ont été exprimées quant à la relative facilité avec laquelle l'oxybenzone est absorbée par la peau et dans la circulation sanguine de l'ordre de 1 à 2%, après une application topique. De même, des traces d'oxybenzone ont été retrouvées dans des échantillons d'urine avec une quantité variant entre 0,4% et 2%. Mais le fait d'avoir trouvé une quantité mesurable de la BP-3 dans l'urine signifie t-il que les niveaux de la BP-3 ont un effet néfaste sur la santé ? Face à un tel constat, d'innombrables recherches sur la dangerosité de la benzophénone-3 ont émergé.
Après avoir été appliqué par voie topique, ce composé est absorbé par la peau, métabolisé et/ou excrété. Selon une étude basée sur une administration orale et cutanée d'oxybenzone à des rats de laboratoire puis sur des analyses de sang, d'urine, des matières fécales, et d'échantillons de tissus, ce produit est transformé dans le corps en trois métabolites distincts : la 2,4-dihydroxybenzophénone (DHB), la 2,2-dihydroxy-4-méthoxybenzophénone (DHMB) et la 2,3,4-trihydroxybenzophénone (THB).
L'oxybenzone déclaré comme allergène de contact.
La benzophénone-3 a été associée à des dermatites allergiques de contact et à des dermatites de photocontact. En effet, les produits contenant de l'oxybenzone peuvent provoquer des rougeurs, des gonflements, des démangeaisons et des cloques remplies de liquide. Dans les cas graves, une anaphylaxie peut se produire. Lors d’une étude ayant porté sur 82 patients victimes de photodermatites, plus d’un quart présentaient une réaction photoallergique à l’oxybenzone.
L'oxybenzone considéré comme écotoxique.
La BP-3 a également un profil environnemental défavorable. Elle est considéré comme contaminant de l'environnement et est suspectée d'être une menace pour les récifs coralliens, en étant lié aux phénomènes de blanchiment et à la mortalité massive des coraux. Apparemment, de nombreux cas de blanchiment de coraux ont été recensés suite à la présence de résidus de crèmes solaires dans la mer. À cause de ces contraintes, certains États comme Hawaï et les Îles Palau ont réagi et ont interdit l'utilisation d'écrans solaires contenant de la benzophénone-3. Cependant, cette interdiction est quelque peu controversée et critiquée par de nombreux experts scientifiques. Les différentes études ont été réalisées avec des concentrations très élevées, que celles que l'on trouve dans l'environnement, ou une application directe, soit sur des échantillons de coraux isolés.
De même, d'autres paramètres sont à prendre en compte : la quantité réelle de crème solaire appliquée, l'immensité de l'océan ou encore les courants marins. Les menaces les plus graves qui pèsent sur l'écosystème marin sont par exemple le changement climatique avec une augmentation de la température de l'eau. Plusieurs chercheurs déclarent ainsi que les dommages causés par les écrans solaires sur les coraux sont négligeables. Les études disponibles sur l'impact de l'oxybenzone sur le déclin des coraux sont limitées et non-répétées. Le benzophénone-3 nuirait également à la croissance et aux processus photosynthétiques en cours des algues vertes, et sa présence menacerait aussi la santé de la faune aquatique.
L'oxybenzone, un perturbateur endocrinien ?
Des études ont récemment fait état d'une activité de type œstrogénique in vitro sur des cellules et in vivo sur des rats/poissons zèbres du BP-3. Apparemment, il aurait un effet aigu sur les niveaux d'hormones reproductives endogènes chez l'Homme et interfèrerait avec le fonctionnement du système endocrinien (axe hypothalamo-hypophyso-gonadique), susceptibles donc d'affecter la santé humaine, après une application topique.
Ce potentiel effet biologique a été publié pour la première fois dans une étude de LICHTENSTEIGER W. & al., où ils ont démontré une augmentation de 23% de la taille de l'utérus chez des rats immatures après l'administration orale d'oxybenzone. Par la suite, des études ont été menées afin de déterminer la quantité équivalente de BP-3 devant être utilisée par voie topique chez les humains pour obtenir la quantité cumulative d'oxybenzone administrée par voie orale à des rats immatures et reproduire l'effet œstrogénique systémique observé.
Cependant, alors que certaines études ont conclu que le BP-3 ait un potentiel pouvoir de perturbation hormonale, d'autres n'ont observé aucun effet biologiquement significatif sur les niveaux d'hormones, indiquant que la quantité de BP-3 absorbée n'est pas en mesure de perturber l'homéostasie des hormones reproductives endogènes chez les Hommes, même avec l'application d'une formulation contenant 10% d'oxybenzone.
En effet, les différences mineures observées dans les niveaux de testostérone, d'estradiol et d'inhibine B ne semblerait pas être liées à l'exposition au benzophénone-3. Face à de tels résultats contradictoires, les données actuelles sont pas suffisamment légitimes pour les extrapoler chez l'Homme et l'oxybenzone doit faire l'objet d'études plus approfondies.
Note : Une étude a révélé que les concentrations plasmatiques de BP-3, 24 et 96 heures après la première application d'une formule de crème solaire, n'étaient pas significativement différentes, ni chez les hommes ni chez les femmes, ce qui indique qu'il n'y a pas d'accumulation, même après plusieurs jours d'application cutanée.
L'oxybenzone, un facteur aggravant ou favorisant l'apparition d'un cancer ?
Récemment, des études ont signalé les effets potentialisateurs d'une exposition au BP-3 dans la progression du cancer. Un rapport de 2008 a révélé que l'exposition de cellules humaines de cancer du poumon à des concentrations non-toxiques d'oxybenzone pouvait conférer aux cellules un changement de comportement vers des phénotypes mésenchymateux (transition épithéliale-mésenchymateuse). Il s'agit d'un processus qui facilite la formation de métastases, soit la capacité des cellules tumorales résistantes à l'anoikis à migrer et à envahir les tissus environnants pour former des tumeurs secondaires.
D'autres études auraient identifié des effets du BP-3 sur la tumorigenèse mammaire chez des souris femelles. En d'autres termes, l'oxybenzone provoquerait une prolifération accrue des cellules tumorales et une apoptose réduite des cellules tumorales par le biais d'altérations dans les populations de cellules immunitaires du micro-environnement tumoral. En conclusion, le BP-3 aurait la capacité de potentialiser les comportements "agressifs" des cellules cancéreuses. Toutefois, d'autres recherches sont nécessaires pour confirmer cet effet du benzophénone-3 chez l'Homme.
Quelles sont les conclusions ?
Le CSSC a conclu que l'utilisation de l'oxybenzone comme filtre UV à des concentrations allant jusqu'à 6% dans les produits de protection solaire ne présente pas de risque pour la santé, sauf en tant qu'allergène de contact potentiel. Des investigations supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les effets de l'exposition au BP-3 sur la santé humaine et sur l'environnement, afin d'avoir des preuves concluantes.
Ce que l'on sait par contre est que la benzophénone-3 offre une bonne protection solaire, et aide à prévenir les cancers de la peau, les lésions cutanées, ainsi que les risques d'avoir des coups de soleil. Toutefois, face à ces résultats bien que peu concluants, nous préférons être prudent et avons décidé de l'exclure de la formulation de nos écrans solaires par principe de précaution, le temps que les études se précisent.
Sources
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