Probiotiques anti-inflammatoires

Probiotiques : les effets anti-inflammatoires de ces micro-organismes.

Les probiotiques sont des micro-organismes extérieurs à notre organisme pouvant contribuer à équilibrer notre flore cutanée et intestinale. Intégrés à des compléments alimentaires ou à des soins cosmétiques, ils peuvent aider à réguler différents mécanismes internes, y compris certains liés à l'inflammation. Découvrez dans cet article tout ce qu'il y a à savoir sur les effets anti-inflammatoires des probiotiques et leur intérêt pour la santé cutanée.

Sommaire
Publié le 28 mars 2024, mis à jour le 2 avril 2024, par Pauline, Chargée de la Communication Scientifique — 8 min de lecture

Bref rappel sur l'inflammation cutanée.

La peau est notre premier rempart contre les pathogènes et a un rôle de barrière important. Lorsqu'elle se sent agressée, une réaction inflammatoire se met en place qui mobilise de nombreux médiateurs chimiques. Les cellules immunitaires comme les lymphocytes et les leucocytes sont les premières à réagir et à initier la réponse inflammatoire. Des signaux d'alerte sont ensuite envoyés aux autres cellules. La vasodilatation et l'augmentation de la perméabilité des vaisseaux sanguins au niveau de la zone lésée sont alors observés, ce qui conduit à l'apparition de plusieurs signes caractéristiques d'une atteinte de la peau : rougeurs, gonflements, irritations, démangeaisons...

Comment les probiotiques pris par voie orale luttent-ils contre l'inflammation cutanée ?

L'acné, l'eczéma, la rosacée... Ces dermatoses ont toutes un point commun : leur composante inflammatoire. Pour lutter contre ces maladies et améliorer l'aspect de leur peau, de plus en plus de patients se tournent vers une solution alternative, complémentaire à leur traitement habituel : la prise de probiotiques. Plusieurs études ont été menées concernant l'efficacité de ces micro-organismes pour atténuer les inflammations cutanées et les résultats obtenus sont prometteurs.

On peut tout d'abord citer les Lactobacillus casei, des probiotiques qui, pris oralement, exercent un effet anti-inflammatoire en modulant l'activité immunitaire des cellules régulatrices T CD4+. Ces lymphocytes prolifèrent lorsqu'ils reconnaissent certains pathogènes présentés par une cellule présentatrice d'antigène. Suite à cette reconnaissance, les T CD4+ activent d'autres types de cellules afin qu'elles prennent part aux mécanismes inflammatoires. C'est pourquoi elles sont aussi appelées lymphocytes T auxiliaires. D'autres travaux ont montré que la prise orale d'autres bactéries de type Lactobacillus, telles que Lactobacillus lactis et Lactobacillus fermentum permet de diminuer les inflammations cutanées.

En ce qui concerne les maladies de peau inflammatoires plus précisément, plusieurs études ont été menées et ont également mis en évidence les bienfaits des probiotiques pris par voie orale pour réduire l'inflammation.

  • Dans le cas de l'eczéma : Une étude, s'étendant sur 16 semaines, a fait intervenir 4538 patients atteints de dermatite atopique répartis aléatoirement en deux groupes. Le premier groupe a reçu deux fois par jour un traitement avec le probiotique Lactobacillus salivarius à une dose de 10 000 UFC/µg dans de la maltodextrine et le second groupe a reçu un placebo, composé uniquement de maltodextrine. Après quatre mois, une réduction significative de l'inflammation de la peau a été observée uniquement dans le groupe traité avec le probiotique et aucun effet indésirable n'a été constaté au cours de l'étude.

  • Dans le cas de l'acné : Une autre étude menée pendant 12 semaines avec 36 patients âgés de 18 à 30 ans et présentant de l'acné a montré les bienfaits d'un lait fermenté contenant 200 mg de lactoferrine ainsi que des probiotiques issus de Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus. À l'issue de l'étude, les patients ont vu une diminution significative (de 38,6%) du nombre de leurs lésions inflammatoires.

  • Dans le cas de la rosacée : Un essai clinique sur 57 patients présentant des lésions érythémateuses et papulo-pustuleuses a été mené. Les participants ont été divisés en deux groupes : l'un a été traité avec une thérapie topique standard composée de tétracyclines, de corticostéroïdes et de rétinoïdes tandis que l'autre a été traité avec la même thérapie plus l'administration orale de la souche probiotique Escherichia coli. Après un mois de suivi, 32 % des patients du groupe probiotique se sont rétablis et 57 % ont connu une amélioration significative de l'inflammation de leur peau, contre 17 % des patients du groupe témoin qui se sont rétablis et 39 % qui ont connu une amélioration significative de l'inflammation de leur peau.

Zoom sur les actions anti-inflammatoires des probiotiques en cosmétique.

À la lumière de l'expansion rapide des probiotiques oraux, de nombreuses formulations topiques ont été proposées en cosmétique pour améliorer l'équilibre du microbiote de la peau et encourager l'homéostasie immunologique. En application topique, les probiotiques peuvent notamment réduire l'irritation de la peau provoquée par l'exposition aux rayons UVB, responsables des coups de soleil. En effet, la souche Lactobacillus reuteri a démontré sa capacité à inhiber l'enzyme de conversion de l'angiotensine, impliquée dans le photovieillissement de la peau. Par ailleurs, ce probiotique a également une action sur les niveaux d'interleukines-8, cytokines pro-inflammatoires régulées à la hausse lors d'une exposition solaire. L'application de Lactobacillus reuteri diminue leur expression, ce qui protège la peau.

Les bienfaits de l'application topique de probiotiques en cas d'acné et d'eczéma inflammatoire ont également été montrés. Toutefois, en ce qui concerne la rosacée, ils n'ont pas encore été mis en évidence.

  • Dans le cas de l'eczéma : Une étude en double aveugle et contrôlée par placebo a examiné les effets d'une lotion contenant 5 % de Vitreoscilla filiformis sur 75 volontaires souffrant de dermatite atopique. Pendant une période de 30 jours, les participants ont appliqué soit la lotion, soit un placebo, deux fois par jour. La gravité de la maladie ainsi que l'inflammation cutanée ont été évaluées tout au long de l'étude. À l'issu de cet essai, une baisse significative des lésions inflammatoires a été constatée.

  • Dans le cas de l'acné : 70 patients souffrant d'acné ont participé à une étude récente qui s'est intéressée à l'effet de la bactérie Enterococcus faecalis, une espèce du genre Lactobacillus agissant contre Cutibacterium acnes, la bactérie responsable de l'acné. Pendant huit semaines, la moitié des personnes ont appliqué deux fois par jour une lotion renfermant E. faecalis tandis que l'autre moitié a appliqué un placebo. À la fin de l'étude, les scientifiques ont noté une baisse de la production de médiateurs inflammatoires par C. acnes. dans le premier groupe ainsi qu'une diminution significative du nombre et de l'intensité des lésions inflammatoires.

Sources

  • GUENICHE A. & al. Effects of nonpathogenic gram-negative bacterium Vitreoscilla filiformis lysate on atopic dermatitis: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled clinical study. The British Journal of Dermatology (2008).

  • KANG S. & al. New insights into the management of acne: An update from the global Alliance to improve outcomes in acne group. Journal of the American Academy of Dermatology (2009).

  • CHO Y. & al. Dietary effect of lactoferrin-enriched fermented milk on skin surface lipid and clinical improvement of acne vulgaris. Nutrition (2010).

  • DRAGO L. & al. Changing of fecal flora and clinical effect of L. salivarius LS01 in adults with atopic dermatitis. Journal of clinical gastroenterology (2012).

  • STREMMEL W. & al. Intestinal-borne dermatoses significantly improved by oral application of Escherichia coli Nissle 1917. World Journal of Gastroenterology (2016).

  • XU Z. & al. Applications of Probiotic Constituents in Cosmetics. Molecules (2023).

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