Sucer son pouce, curer son nez, tordre ses cheveux, grincer et serrer des dents... se ronger les ongles de manière compulsive, communément appelé onychophagie, fait partie des comportements les plus courants parmi les "habitudes nerveuses typiques". Souvent considéré comme rien de plus qu'une habitude d'ennui et trop souvent ignoré, cette attitude peut provoquer des problèmes de santé. Voyons lesquels dans cet article.
- Carnet
- Soins corps
- Se ronger les ongles : quels sont les dangers ?
Se ronger les ongles : quels sont les dangers ?
- Ronger ses ongles : pourquoi certains développent-ils une telle habitude ?
- Des complications sur le fait de se ronger les ongles ?
- Sources
Ronger ses ongles : pourquoi certains développent-ils une telle habitude ?
L'onychophagie se caractérise par l'envie compulsive de se ronger les ongles, entraînant souvent des lésions tissulaires aux ongles, aux cuticules et à la peau environnante. Cela peut aller d'un comportement bénin occasionnel à un comportement d'automutilation profond. Il implique généralement les tissus mous entourant l'ongle, la cuticule, ainsi que l'ongle lui-même. Fréquent chez les enfants et les jeunes adultes, il survient chez 20 à 33% des enfants et près de 45% des adolescents.
Cette habitude fonctionnelle n'est généralement pas observée avant l'âge de 3 ou 4 ans. La plupart des cas de rongement des ongles débutent dans la petite enfance, entre 4 et 6 ans, et se stabilise de 7 à 10 ans avant de s'intensifier à l'adolescence avec l'arrivée de la puberté. Toutefois, dans de nombreux cas, ce comportement diminue le plus souvent avec l'âge : il s'arrête spontanément et complètement à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte.
Les adultes peuvent également en être victimes, notamment après avoir subi une forte pression au travail, avoir vécu une expérience traumatisante (divorce, décès, etc) ou alors dans un cas de sevrage (tabac, alcool, etc). Il a également été constaté que les garçons sont significativement plus nombreux que les filles à se ronger les ongles.
La raison pour laquelle certaines personnes développent ou non cette habitude particulière n'est pas entièrement claire et comprise. Toutefois, le besoin de se ronger les ongles est en général lié à un état psycho-émotionnel d'anxiété en raison de l'effet d'auto-apaisement qu'il procure après. Il est vu comme un réflexe de déséquilibres émotionnels : une réaction au stress, à la peur ou à une dépression excessive. Notre composition émotionnelle (timidité, faible estime de soi) fait également partie intégrante de la raison pour laquelle nous nous tournons vers le rongement des ongles.
L'onychophagie a également une forte corrélation avec la personnalité. Ainsi, certaines personnes impatientes ou sujettes à des frustrations se rongent frénétiquement les ongles pour canaliser leur surplus d'énergie et pour réguler leurs émotions. Ce comportement peut également subvenir afin d'imiter quelqu'un, surtout constaté chez les enfants.
Des complications sur le fait de se ronger les ongles ?
Se ronger les ongles peut engendrer un certain nombre de conséquences à ne pas négliger.
Anomalies dentaires : Les forces mécaniques non-physiologiques qui agissent sur les dents peuvent provoquer une abrasion de l'émail. On peut aussi observer une rotation et des petites fractures sur les bords incisifs des incisives mandibulaires (dents antérieures inférieures), ainsi qu'un déplacement des incisives maxillaires (dents de devant supérieures). Par contre, si cela dure, l'onychophagie peut également provoquer un désalignement entre l'arcade dentaire supérieure et l'arcade dentaire inférieure (malocclusion dentaire), dues aux pressions exercées.
Affections buccales : Si vos ongles sont infectés (onychomycose, paronychie) et que vous les rongez, sans oublier que les ongles sont un terrain fertile au développement des micro-organismes, ces derniers peuvent être transmis de vos doigts à votre cavité buccale. Cela peut alors provoquer une infection (herpès, inflammation des gencives, etc.). En se rongeant les ongles, il est également possible d'être infecté par les oxyures, le ténia, le staphylocoque, la salmonelle, E. coli et le papillomavirus humain.
Dommages à l'ongle : Au départ, les dégâts engendrés à la plaque ongulaire sont minimes, mais au fil du temps, lorsque l'habitude se renforce, nous pouvons constater une déformation et un affaiblissement de la plaque à ongles, ainsi que des blessures et des saignements au niveau des doigts. Les mains d'une personne souffrant d'onychophagie ne semblent ainsi plus esthétiques. Or, cela peut être une cause de honte et parfois même de retrait social, ce qui intensifie le stress et un certain nombre d'autres mauvaises émotions, devenant la raison de la persistance de l'habitude.
Infections gastro-intestinales : Porteurs de micro-organismes, mordre ses ongles peut transmettre des agents pathogènes nocifs dans le corps. En effet, la déglutition des ongles rongés peut induire un risque d'infection gastrique ou intestinale. Nous sommes de ce fait menacés par une inflammation des intestins, du foie et de l'estomac, qui peut se manifester par exemple par une diarrhée ou des douleurs abdominales aiguës.
Infections unguéales : Le rongement chronique des ongles peut également vous rendre vulnérable à divers types d'infection (onychomycose, paronychie). Vous créez un cercle de transmission de bactéries, champignons ou virus de votre bouche à vos doigts, et inversement. En effet, les ongles sont un environnement propice au développement et à la prolifération de potentiels pathogènes. Ainsi, en rongeant vos ongles et les cuticules, vous laissez accès libre à tous les micro-organismes.
Ils peuvent pénétrer par les coupures, et par conséquent, provoquer des dommages (douleur, irritation, rougeur, blessures purulentes, etc.) à la peau environnante, ainsi qu'à la plaque ongulaire. De même, une personne qui se ronge les ongles et qui souffre d'herpès buccal peut développer un blanchiment herpétique du doigt rongé. En plus, une fois l'infection touchée du bout des doigts, celle-ci peut se propager vers d'autres parties du corps.
Pour ces différentes raisons, il est donc primordial de prendre des mesures pour corriger progressivement cette habitude.
Anecdote : Un aspect positif du fait de se ronger les ongles est que la croissance ongulaire n'est pas retardée. Bien au contraire, elle augmente la croissance des ongles, peut-être parce que la manipulation fréquente de l'ongle stimule la circulation sanguine dans la racine de l'ongle.
Sources
PENNINGTON L. A. Incidence of nail biting among adults. American Journal of Psychiatry (1945).
KLEIN E. T. Pressure habit, etiological factors in malocclusion. American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics (1952).
ROYALL L. R. & al. Manifest anxiety and nail-biting. Journal of Clinical Psychology (1974).
BRASTTSTROM V. & al. Nail biting: Frequency and association with root resorption during orthodontic treatment. British Journal of Orthodontics (1985).
ROBSON L. M. & al. Nail biting. Clinical Pediatrics (1990).
CAMARGO E. S. & al. Nail biting, or onychophagia: A special habit. American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics (2008).
GHANDIZADEH A. Nail biting; Etiology, consequences and management. Iranian Journal of Medical Sciences (2011).
DEMETROVICS Z. & al. Pathological grooming: Evidence for a single factor behind trichotillomania, skin picking and nail biting. PLoS One (2017).
SIDDIQUI J. Onychophagia (nail biting): an overview. Indian Journal of Mental Health (2020).
KIM M.-B. & al. Onychophagia: detailed clinical characteristics. International Journal of Dermatology (2022).
Diagnostic
Découvrez votre
typologie de peau.
En savoir plus
L'huile de sésame, un soin pour embellir les ongles ?
6 min de lectureDes bienfaits de la vitamine B12 pour les ongles ?
6 min de lectureSoins des ongles : l'aloe vera pour hydrater et renforcer les ongles cassants ?
5 min de lectureLes produits à base de collagène sont-ils bénéfiques pour les ongles ?
7 min de lecture