Allié des sujets acnéiques, de ceux souffrant de pellicules grasses... l'acide salicylique est un composé chimique très utilisé dans les soins pour ses nombreuses propriétés cosmétiques. Bien qu'il soit très efficace, il est au coeur d'une polémique, le soupçonnant d'être un perturbateur endocrinien. Malgré qu'il ait été reconnu comme sûr par les experts européens aux concentrations autorisées, une certaine appréhension sur son utilisation persiste encore. Si tel est le cas, vous pouvez vous tourner vers une alternative prometteuse à l'acide salicylique : le β-lipohydroxyacide (LHA).
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- Par quoi remplacer l'acide salicylique ?
Par quoi remplacer l'acide salicylique ?
- Qu'est-ce-qui se dit sur l'acide salicylique ?
- Le β-lipohydroxyacide comme alternative à l'acide salicylique
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Qu'est-ce-qui se dit sur l'acide salicylique ?
L'acide salicylique est un principe actif populaire utilisé depuis longtemps dans le traitement d'un large éventail de troubles cutanés (acné, hyperkératose, etc.). Il existe ainsi plusieurs préparations contenant de l'acide salicylique sur le marché pour les soins de la peau et des cheveux. On le retrouve en faible dose pour ses propriétés antibactériennes et kératolytiques bien documentées.
Même si à des concentrations de 3% ou moins, il présente très peu d'effets indésirables et n'est ni photosensibilisant, ni phototoxique, une étude scientifique menée par une équipe de chercheurs danoise a mis en avant un effet endocrinien de l'actif. L'étude avait démontré que son utilisation diminuait le taux de testostérone en plus d'un effet anti-androgénique et spermatogénèse.
Or, il existe peu de données concernant le potentiel perturbateur endocrinien de l’acide salicylique. En plus, les doutes qui l’entourent proviennent d’études réalisées sur des molécules de la même famille (salicylates et acide acétylsalicylique, c’est-à-dire l’aspirine), en plus d'avoir été réalisées in vitro. La Commission européenne a donc lancé un appel à données afin d’éclaircir ce point. La sécurité d’emploi de l’acide salicylique dans les produits cosmétiques a été évaluée par les experts européens et américains, qui l'ont reconnu comme sûr aux concentrations autorisées en cosmétique dans un avis publié en septembre 2018.
Ainsi, ces allégations nécessitent d'être encore approfondie. Pourtant, ces nouvelles accusations sur l'acide salicylique ont créé une certaine appréhension sur son utilisation dans les soins de la peau et des cheveux. Découvrez une éventuelle alternative à son utilisation : le β-lipohydroxyacide.
Le β-lipohydroxyacide comme alternative à l'acide salicylique.
Qu'est-ce-que le β-lipohydroxyacide (LHA) ?
De formule chimique C15H20O4, le β-lipohydroxyacide (LHA), également connu sous le nom d'acide 2-hydroxy-5-octanoyl benzoïque, est un dérivé lipophile de l'acide salicylique qui a été développé par L'Oréal Recherche à la fin des années 1980.
Par rapport à l'acide salicylique, une chaîne grasse acyle à huit atomes de carbone a été ajoutée au cinquième atome de carbone du cycle benzénique de l'acide salicylique. L'ajout de ce groupe gras rend le LHA plus lipophile que son parent, pouvant expliquer ses différentes propriétés.
Tout d'abord, il a une pénétration cutanée beaucoup plus faible, comme le montrent plusieurs études in vitro et in vivo, également attribuée par son haut poids moléculaire (PM = 264,3 g/mol). En effet, le LHA reste stocké dans les couches superficielles de la couche cornée. De plus, la nature lipophile du LHA et sa pénétration relativement lente dans la peau lui confèrent un effet exfoliant qui est efficace à de faibles concentrations (< 10%).
Le LHA semble avoir des propriétés anti-microbiennes, anti-inflammatoires, antioxydantes, anti-comédogènes et exfoliantes. L'application chronique d'un soin contenant du LHA améliore ainsi l'aspect et la texture de la peau. L'apparence en termes de clarté est également amélioré. Voyons-les plus en détails.
Quels sont les propriétés du LHA sur la peau ?
Activité antibactérienne et anti-inflammatoire :
Le LHA a le potentiel de réduire de manière significative l'intensité des symptômes inflammatoires. De plus, il présenterait un effet antibactérien en ayant la capacité de diminuer la charge bactérienne folliculaire.
Activité antioxydante :
Des études in vivo et in vitro ont montré un effet protecteur du LHA. Une application quotidienne de LHA a permis d'augmenter la résistance de la peau aux dommages induits par les UV avec sa capacité à neutraliser les radicaux libres. Plus en détails, le LHA peut inactiver l'oxygène singulet (¹O₂) sans réagir avec lui et "éteindre" l'anion superoxyde (O2-). Il réagit aussi avec les radicaux hydroxyles pour produire de l'acide 2,5-dihydroxybenzoïque, qui est un excellent piégeur de l'anion superoxyde.
Activité anti-pelliculaire :
Les pellicules sont associées à la colonisation du cuir chevelu par des levures du genre Malassezia, et en particulier M. ovalis (Pityrosporum ovale). Ces micro-organismes ont besoin d'une source exogène d'acides gras pour se propager et, par conséquent, les zones de la tête qui ont une plus grande production de sébum sont particulièrement favorisées. Des expériences in vitro montrent que le LHA a une activité antimicrobienne contre M. ovalis similaire à celle de la piroctone olamine, un principe actif antipelliculaire couramment utilisé. Ses propriétés antifongiques et exfoliantes sont également susceptibles de s'avérer utiles pour lutter contre les pellicules.
Activité comédolytique :
Le LHA a aussi montré son efficacité dans la prévention et le traitement de l'acné légère à modéré. En effet, des études ont montré, qu'après seulement 4 semaines de traitement, une formulation à base de LHA a la capacité d'éliminer les bouchons cornés (comédons) accumulés dans les pores sur le visage de patients sujets à l'acné. La taille et le nombre de lésions comédoniennes (comédons fermés, comédons ouverts) et de lésions inflammatoires (papules, pustules) a significativement diminué avec le temps par relâchement de liaison intercornéocytaire et de l'adhésion bactérienne à l'intérieur des ouvertures folliculaires. En effet, grâce à sa nature lipophile, le LHA présente une affinité marquée pour les pores obstrués par le sébum chez les personnes souffrant d'acné. Il peut pénétrer plus facilement dans la glande sébacée riche en sébum, et ainsi améliorer ou soulager de telles affections cutanées. De plus, une autre étude révèle que cet ingrédient est aussi intéressant dans la prévention des récidives d'acné pendant l'été.
Activité éclaircissante :
Avec son action kératolytique, le LHA aide aussi à réduire la visibilité des taches brunes en favorisant la dispersion des mélanosomes dans les couches épidermiques pour un teint plus uniforme.
Activité exfoliante :
Le LHA est avant tout un puissant agent kératolytique dû à sa capacité à dissocier les desmosomes reliant les cornéocytes dans la couche cornée. Il permet alors une desquamation afin de libérer l'excès de cornéocytes dans des conditions hyperkératosiques. Cependant, contrairement à l'acide salicylique, le LHA ne pénètre pas aussi profondément. Il est donc plus susceptible de rompre les cornéodesmosomes situés plus superficiellement. De plus, cette lente pénétration du LHA entraîne particulièrement une exfoliation individuelle cellule par cellule, imitant davantage la desquamation physiologique que l'exfoliation plus globale qui résulte de l'utilisation de l'acide salicylique et d'autres AHA. Grâce à cette propriété, il induit ainsi une réduction de l'épaisseur de la couche cornée et une augmentation de la douceur comme effets à court terme sur la peau.
Une partie intégrante du processus d'exfoliation est la stimulation du renouvellement épidermique, avec augmentation de la division cellulaire. Plusieurs études ont montré que les applications topiques d'une formulation à 2% de LHA ont augmenté l'épaisseur de toutes les couches de l'épiderme. Une hypothèse est que le mécanisme par lequel le LHA augmente le renouvellement cellulaire est dû à un signal provenant de la libération de lipides lamellaires pendant la desquamation améliorée ou à des forces mécaniques provenant de l'exfoliation, qui pourraient stimuler des réponses physiologiques. Il a aussi été démontré que le LHA a stimulé la formation de collagène dans un modèle de peau reconstruite humaine, provoquant un épaississement dermique. De ce fait, le LHA a des effets stimulants sur les kératinocytes et les dendrocytes dermiques, imitant quelque peu ceux de l'acide rétinoïque.
Que dire sur la tolérance du β-lipohydroxyacide (LHA) ?
Le LHA présente un très bon profil de sécurité avec une bonne tolérance et une fréquence d'irritation plus faible, comparé à l'acide glycolique ou à l'acide rétinoïque. Cependant, une photodégradation du LHA peut se produire et ainsi limiter son efficacité. De ce fait, il est préférable d'utiliser le soir ou d'appliquer une protection solaire adapté afin de protéger le LHA du rayons UV du soleil et d'éviter sa dégradation.
Sources
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