Si vous pensez que vous êtes atteints de rosacée, un diagnostic pourra alors être posé. Le Dr. AMODE, Dermatologue et Vénérologue à Paris, nous présente dans cette interview comment la rosacée est diagnostiquée, ainsi que des informations sur la physiopathologie de cette affection cutanée.
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- Interview du Dr. AMODE : "Diagnostic et physiopathologie de la rosacée."
Interview du Dr. AMODE : "Diagnostic et physiopathologie de la rosacée."
- Question n°1 : "Comment se déroule le diagnostic de la rosacée ?"
- Question n°2 : "Comment différencier la rosacée de l'eczéma ou d’autres maladies cutanées ?"
- Question n°3 : "Est-ce que la rosacée touche vraiment plus les femmes que les hommes ?"
- Question n°4 : "Qu’en est-il de la rosacée infantile ?"
- Question n°5 : "Est-ce que la rosacée est plus fréquente dans certaines régions ?”
- Question n°6 : "Qu’en est-il de la rosacée oculaire ?”
- Question n°7 : "Y-a-t-il des effets sur le long terme de la rosacée ?”
- Question n°8 : "À quel point les patients consultant pour une rosacée sont-ils renseignés sur leur maladie ?”
Question n°1 : "Comment se déroule le diagnostic de la rosacée ?"
“La rosacée est multiforme. Son diagnostic est essentiellement clinique et des examens complémentaires ne sont pas nécessaires. Il est basé sur l'association d'un ensemble de signes. Le premier stade de la maladie correspond à la survenue de bouffées vasomotrices, d'un érythème persistant ou d'une couperose, c'est-à-dire des télangiectasies (vaisseaux dilatés).
Au stade inflammatoire, il y a la survenue de papules et de pustules sur le nez, les joues, le menton, la glabelle (région comprise entre les deux sourcils), soit une répartition centro-faciale. L’autre stade de la maladie serait le rhinophyma plutôt rencontré chez les hommes, qui est une déformation du tissu dermique avec une augmentation du volume du nez.
Il y a également des formes plus rares, comme la forme dite du Morbihan se présentant sous forme œdémateuse. Enfin, il n'y a pas nécessairement d’évolutivité de la maladie. Les stades de sévérité sont souvent stables dans le temps.
Le diagnostic est facile au stade des papules et des pustules. Certaines personnes présentent toutefois une couperose ou une érythrose sans rosacée. Il convient alors de leur conseiller d’éviter les facteurs d’irritation et de vasodilatation afin d’éviter l’aggravation, mais cet état n’est pas prédictif de la survenue d’une rosacée.”
Question n°2 : "Comment différencier la rosacée de l'eczéma ou d’autres maladies cutanées ?"
“Bien qu’il y ait parfois des formes mixtes “acné et rosacée”, il y a dans l’acné des lésions rétentionnelles, des microkystes et des comédons qu'il n'y a pas dans la rosacée. En outre, il est rare que l’on puisse confondre l'eczéma avec la rosacée. L'eczéma se caractérise par des plaques érythémateuses squameuses vésiculeuses, la présentation est donc très différente.”
Question n°3 : "Est-ce que la rosacée touche vraiment plus les femmes que les hommes ?"
“Les données sont divergentes, mais la rosacée est bien présente chez les hommes comme chez les femmes. La distribution est assez homogène. Toutefois, il est possible que les hommes aient un recours moindre au dermatologue face à une rosacée légère à modérée.”
Question n°4 : "Qu’en est-il de la rosacée infantile ?"
“La rosacée infantile se présente de manière semblable à la rosacée adulte. On décrit en plus des formes granulomateuses ou des nodules aseptiques, prenant la forme d’un bouton enflammé d’évolution persistante. La rosacée infantile est cependant rare. Les données de la littérature sont peu nombreuses, mais l’évolution est décrite par les spécialistes comme chronique.”
Question n°5 : "Est-ce que la rosacée est plus fréquente dans certaines régions ?”
“Il est dit que cette maladie est plus fréquente chez les populations d'ascendance celtique et les phototypes clairs. Mais il y a des cas dans toutes les populations y compris à phototype foncé, qui peuvent rencontrer plus de difficultés à obtenir un diagnostic précoce du fait de la difficulté accrue pour le clinicien à détecter l’érythème ou par biais cognitif.”
Question n°6 : "Qu’en est-il de la rosacée oculaire ?”
“Il n’est pas rare d'avoir des symptômes oculaires dans la rosacée : chalazions, blépharites, sécheresse oculaire, conjonctivites, voire kératites. Si l’association n’est pas systématique, l’avis de l’ophtalmologue est demandé au moindre doute. A contrario, certains patients peuvent présenter une rosacée oculaire sans signe cutanés. Il n’y a donc pas de parallélisme entre la sévérité de l'atteinte cutanée et de l’atteinte oculaire. Cette dernière peut être à l’origine d’une altération de la qualité de vie, car la sécheresse et l'inflammation des paupières sont invalidantes au quotidien. Le retentissement visuel est exceptionnel en pratique dermatologique.”
Question n°7 : "Y-a-t-il des effets sur le long terme de la rosacée ?”
“Non, c'est une maladie qui n’engage pas le pronostic vital. Elle altère seulement la qualité de vie. Il n y a pas de séquelles à redouter. La rosacée ne laisse pas de cicatrices, contrairement à l’acné par exemple. Il n’y a pas de surinfection décrite.”
Question n°8 : "À quel point les patients consultant pour une rosacée sont-ils renseignés sur leur maladie ?”
“Les informations disponibles en ligne sont nombreuses mais de fiabilité variable. Certains patients sont experts de la maladie quand d’autres peuvent être peu informés ou désinformés. C’est au dermatologue d’apporter une information claire et d’orienter le patient vers des sources sérieuses."
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