Abrar A. QURESHI et son équipe ont voulu évaluer l'association entre l'activité physique et le psoriasis, une maladie cutanée inflammatoire fréquente, dans une cohorte de femmes aux États-Unis. Ils ont également évalué l'association entre le type d'activité physique, par exemple, marche ou exercice vigoureux, et le risque de psoriasis. La population étudiée comprenait 86 655 infirmières américaines qui ont déclaré avoir déjà été diagnostiquées comme souffrant de psoriasis et qui ont rempli des questionnaires détaillés sur leur activité physique en 1991, 1997 et 2001.
Après ajustement en fonction de l'âge, du tabagisme et de la consommation d'alcool, l'augmentation de l'activité physique était inversement associée au risque de psoriasis. Le quintile de femmes le plus actif physiquement présentait un risque relatif (RR) de psoriasis plus faible (0,72) que le quintile le moins actif (1,06). La marche n'a pas été associée au risque de psoriasis. De plus, dans un sous-ensemble de 550 cas confirmés de psoriasis, on observe une réduction plus importante du risque de psoriasis associé à une activité physique intense (0,64).
Il est biologiquement plausible qu'une activité intense puisse moduler l'état d'inflammation chronique ou d'activation immunitaire qui prédispose au psoriasis. Une sur-expression des cytokines pro-inflammatoires par rapport aux molécules anti-inflammatoires joue un rôle important dans la pathogenèse du psoriasis, et les conditions marquées par une inflammation chronique accrue, comme l'obésité, peuvent augmenter le risque de psoriasis. On sait que l'activité physique diminue cette inflammation chronique et réduit spécifiquement les niveaux de médiateurs pro-inflammatoires, comme le TNF-α, l'IL-6 et la leptine. L'activité physique peut augmenter les niveaux de cytokines anti-inflammatoires, dont l'adiponectine. De plus, les femmes physiquement actives ont des niveaux inférieurs de protéine C-réactive (CRP), un marqueur inflammatoire.
Un autre résultat important de l'étude est que la marche et l'activité physique intense ne confèrent pas des réductions similaires du risque de psoriasis ; seule l'activité intense le réduit. Cette constatation peut s'expliquer par les effets plus importants de l'activité modérée à vigoureuse sur l'inflammation systémique. Dans le cadre d'un essai interventionnel, un programme d'exercices aérobiques d'intensité faible à modérée d'une durée de 12 semaines n'a pas modifié les taux sériques de TNF-α, d'IL-6 et de CRP chez des femmes obèses. Toutefois, les exercices aérobiques d'intensité vigoureuse peuvent réduire les taux de marqueurs inflammatoires et donc réduire le risque de développer des affections cutanées inflammatoires comme le psoriasis.
Cependant, d'autres études sur le sujet sont nécessaires pour confirmer ces résultats.