Il y a une croyance populaire qui circule sur les rétinoïdes selon laquelle ils pouvaient induire une photosensibilité à la peau. Vrai ou faux ? Nous examinons les études pour découvrir si le rétinol rend réellement ou pas la peau plus sensible au soleil.
Le rétinol est-il photosensibilisant ?
- Photosensibilité : qu'est-ce que c'est ?
- Le rétinol provoque t-il une sensibilité au soleil ?
- Comment protéger votre peau des dommages causés par les UV lorsque vous utilisez du rétinol ?
- Sources
Photosensibilité : qu'est-ce que c'est ?
Nous parlons de photosensibilité quand les rayonnements électromagnétiques (UV, lumière visible, infrarouges) peuvent provoquer des réactions cutanées, telles que des coups de soleil. Ce phénomène se manifeste sous deux formes.
Photoallergie : moins fréquente, elle désigne cliniquement des éruptions prurigineuses et érythémateuses sur les zones cutanées exposées au soleil. Elles peuvent être immédiates ou retardées de plusieurs jours. Les réactions photoallergiques sont dues à une réponse immunologique d’hypersensibilité.
Phototoxicité : plus courantes, les réactions phototoxiques, non-immunologiques, sont caractérisées par une réponse cutanée ressemblant à un coup de soleil exagéré, qui survient quelques minutes voire quelques heures après une exposition au soleil. Elles sont produites suite à l'activation de la substance photosensibilisante par la lumière UV.
De nombreux médicaments (tétracyclines, hydrochlorothiazide, sulfamides, psoralène, etc.) sont impliqués dans les réactions de photosensibilité. Ils provoquent des changements moléculaires dans la peau lorsqu'il reçoit de la lumière UV, la rendant plus photosensible, soit réactive à la lumière du soleil ou des sources artificielles.
Le rétinol provoque t-il une sensibilité au soleil ?
Les rétinoïdes administrés par voie topique, dont le rétinol, seraient des molécules photoréactives. En effet, l'étiquetage des soins de la peau et des médicaments à base de rétinoïdes laissent entendre ou affirment qu'ils peuvent augmenter la sensibilité de la peau au contact des rayons UV et induire des photodermatoses. De nombreuses études ont été menées sur le potentiel photosensibilisant des rétinoïdes avec des résultats mitigés, notamment sur le trétinoïde, l'adapalène, le tazarotène ou le trifarotène. Par contre, il existe peu d'études portant sur la photosensibilité au rétinol à ce jour. Les données semblent montrer que les rétinoïdes sur ordonnance, comme la trétinoïne, l'adapalène et le tazarotène, ne provoquent pas de photosensibilité. Or, sans recherche définitive, nous ne pouvons pas offrir de réponse concluante.
Adapalène : Les formulations d'adapalène à 0,1 et 0,3%, en crème et gel, sont utilisées pour le traitement de l'acné. Les études disponibles n’ont pas démontré que l’adapalène provoque un risque accru de coups de soleil, et induit donc une phototoxicité ou une photoallergie dans les essais. Il n’existe pas de rapport sur la photosensibilité à l’adapalène dans la littérature.
Tazarotène : Le tazarotène est un rétinoïde topique dit de troisième génération, couramment utilisé pour traiter l'acné légère à modérée et le psoriasis en plaques. Le gel de tazarotène est souvent utilisé en association avec la photothérapie UVB à bande étroite pour le traitement du psoriasis. Bien qu'aucune photosensibilité n'a été observée au cours des trois mois de traitement avec le gel de tazarotène, des cas anecdotiques de brûlure ont été signalés lorsque le gel a été ajouté à la routine des patients psoriasiques irradiés aux UVB. Une étude a montré qu'une application épaisse du gel de tazarotène a légèrement augmenté l'érythémogénicité des UVB, de sorte qu'il peut rendre la peau plus sensible au soleil lorsqu'il est porté au soleil, alors qu'une application fine du gel immédiatement avant la photothérapie n'a pas eu d'effet érythémogène.
Trétinoïde : Une étude a montré que l'application d'acide trans-rétinoïque (Trétinoïne 0,05%) deux fois par jour pendant 10 jours ne produisait pas d'érythème sous exposition aux UVB. Un autre rapport combiné de quatre essais cliniques a également montré que la trétinoïne à 0,05% en gel n'est ni phototoxique ni photoallergique après 24 heures ou 3 semaines de traitement. D'autres études ont évalué la phototoxicité et la photoallergénicité de la trétinoïne en solution, en crème et en gel, mais la majorité sont parvenues à la conclusion qu'il n'est pas une phototoxine ou un photoallergène. La trétinoïne est un irritant et les patients qui exposent leur peau enflammée au soleil ou au vent exacerberont cet inconfort.
D'après les études récentes, les rétinoïdes pourraient ne pas être des agents photosensibilisants en soi. La réaction érythémateuse que nous observons lors de l’exposition au soleil, après utilisation de certains dérivés topiques de la vitamine A, pourrait s'avérer en fait être une irritation locale de la peau, c’est-à-dire des rougeurs, des sensation de chaleur, des démangeaisons et une certaine desquamation qui surviennent au cours des deux à quatre premières semaines d’utilisation des rétinoïdes et s'estompent généralement avec la poursuite de l'application du soin.
Les effets secondaires typiques des rétinoïdes coïncident assez clairement avec ceux d’un "coup de soleil". C'est probablement la raison pour laquelle les directives d'étiquetage, les fabricants, les dermatologues et les experts en soins de la peau continuent de conseiller aux utilisateurs de rétinoïdes d'éviter l'exposition directe aux UV lorsqu'ils en utilisent. Il convient de noter que des études montrent que la susceptibilité accrue aux coups de soleil diminue généralement après le premier mois d'utilisation, ce qui correspond plus ou moins au moment d'une réaction aux rétinoïdes.
La FDA considère l'isotrétinoïne (Accutane ou Roaccutane), une forme orale de vitamine A utilisée pour traiter l'acné sévère, comme photosensibilisante. Il est ainsi conseillé aux patients de limiter leur exposition au soleil pendant qu'ils prennent le médicament.
Pourquoi est-il alors préférable d'utiliser le rétinol le soir ?
Ce mythe autour du rétinol est basé sur une mauvaise compréhension de sa photobiologie. Avec les multiples doubles liaisons conjuguées, les rétinoïdes sont susceptibles de subir une série de réactions photochimiques (isomérisation, dimérisation et oxydation). Ainsi, lors d'une exposition au soleil, le rétinol présent à la surface de la peau peut se transformer en différents intermédiaires réactifs. Or, ces derniers peuvent causer des dommages à la peau et rendre la peau sensible au soleil. C'est pourquoi il est recommandé d'utiliser le rétinol de préférence la nuit, bien que certaines formules puissent être appliquées en journée, afin de pallier à cette problématique.
Comment protéger votre peau des dommages causés par les UV lorsque vous utilisez du rétinol ?
Les personnes utilisant des rétinoïdes sur ordonnance et en vente libre devraient adopter certains gestes au quotidien, non seulement pour éviter une potentielle irritation additive avec une exposition aux UV mais aussi pour maximiser les avantages tirés de l’utilisation de ces ingrédients. Même si les résultats divergent, il est conseillé de faire preuve de prudence et d'appliquer le principe de précaution.
Utiliser une photoprotection appropriée contre les UVA et les UVB : prenez l'habitude d'appliquer une crème solaire à large spectre tous les jours, quelle que soit la saison ou la météo. Lors d'une exposition excessive aux UV, complétez avec l'utilisation de vêtements de protection, le port d'un chapeau et de lunettes de soleil. Recherchez également le plus possible l'ombre en utilisant par exemple un parasol à la plage ou en s'abritant sous un arbre. Enfin, évitez les heures d'ensoleillement intenses, soit entre 10h00 et 14h00.
Se laver le visage le matin : quand du rétinol topique est appliqué sur la peau, une partie est absorbée pour être métabolisé dans la peau en sa forme active, l'acide trans-rétinoïque, alors qu'une autre partie reste à la surface de la peau. Pour éviter tous désagréments cutanés, pensez à vous nettoyer le visage le matin afin de retirer tout le rétinol présent à la surface de l'épiderme.
Sources
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