Les formes de rétinoïdes.

Les différentes formes de rétinoïdes.

Les rétinoïdes sont une famille de molécules faisant référence à la vitamine A et à ses dérivés. Très utilisés en cosmétique, mais aussi en médecine, les rétinoïdes existent sous diverses formes. Lesquelles ? Et qu'est-ce qui les différencie ? Apprenez-en plus dans cet article.

Le rétinol, le rétinoïde le plus connu.

Actif phare en cosmétique, le rétinol est une forme de vitamine A liposoluble, c'est-à-dire soluble dans les lipides, les molécules constitutives du ciment intercellulaire de la couche cornée. Surtout utilisé pour prévenir et corriger les signes de vieillissement cutané, il est également capable d'accélérer le renouvellement cellulaire, une propriété utile en cas de points noirs ou de taches pigmentaires. Toutefois, contrairement à l'acide rétinoïque, le rétinol n'est pas biologiquement actif. Après application sur la peau, il subit une double conversion enzymatique : il est d'abord oxydé en rétinal puis transformé en acide rétinoïque. Cette conversion progressive limite sa puissance, mais participe à sa meilleure tolérance. Malgré cela, le rétinol reste un actif à utiliser avec précaution. Il est fréquemment associé à des irritations, surtout en début d'utilisation ou à concentration élevée. C'est pourquoi son utilisation dans les produits cosmétiques non rincés est limitée à 0,3% par le Règlement Européen No 1223/2009.

Une fois transformé, l'acide rétinoïque se lie aux récepteurs nucléaires de l’acide rétinoïque (RAR) et au récepteur X des rétinoïdes (RXR), ce qui entraîne la formation d'un complexe hétérodimérique activé RAR/RXR qui module l’expression de nombreux gènes impliqués dans la prolifération des kératinocytes, la synthèse de collagène de type I et III, et l’activité des métalloprotéinases matricielles, les enzymes impliquées dans la dégradation des fibres de soutien du derme. Cette action des rétinoïdes explique leur intérêt en cosmétique, notamment pour améliorer l'élasticité cutanée et affiner le grain de peau.

Le rétinal, aussi appelé rétinaldéhyde.

Intermédiaire direct entre le rétinol et l’acide rétinoïque, le rétinal, ou rétinaldéhyde, est une forme oxydée de la vitamine A. Plus proche de la forme active que le rétinol, le rétinal est généralement considéré comme plus puissant que ce dernier mais pas forcément plus irritant. Une fois appliqué sur la peau, le rétinaldéhyde ne subit qu'une seule conversion pour se transformer en acide rétinoïque. L'action qu'il exerce est alors la même que celle décrite précédemment. Le rétinal est généralement utilisé à des concentrations comprises entre 0,015% et 0,1%.

Une étude a récemment évalué l'efficacité de deux crèmes hydratantes contenant respectivement 0,05% et 0,1% de rétinaldéhyde sur 40 femmes présentant des signes visibles de photovieillissement. Après 3 mois d'application biquotidienne, une réduction significative de l'apprence des rides a été notée, ainsi qu'une amélioration de la texture de la peau (de 13,7% pour la crème à 0,1% et de 17,9% pour celle à 0,05%) et une diminution de la perte en eau transépidermique (de 14,5% pour la crème à 0,1% et de 17,9% pour celle à 0,05%).

Les esters de rétinol, des rétinoïdes bien tolérés.

Les esters de rétinol sont des rétinoïdes présentant une grande stabilité chimique. Ils sont également réputés pour leur douceur pour la peau. Les esters de rétinol sont issus de la combinaison du rétinol avec un acide gras. Les plus connus sont l’acétate de rétinol (INCI : Retinyl Acetate), le propionate de rétinol (INCI : Retinyl Propionate), le palmitate de rétinol (INCI : Retinyl Palmitate) et le linoléate de rétinyle (INCI : Retinyl Linoleate). En bref, les esters de rétinol sont facilement identifiables par leur suffixe en "ate".

Néanmoins, si les esters de rétinol sont stables et bien tolérés, il s'agit des rétinoïdes les moins actifs. En effet, leur transformation en acide rétinoïque nécessite plusieurs étapes enzymatiques : hydrolyse en rétinol, puis oxydation en rétinal, puis conversion finale en acide rétinoïque. Les esters de rétinol sont néanmoins pertinents si l'on a la peau sensible mais que l'on souhaite quand même commencer à intégrer des rétinoïdes à sa routine de soin.

Le rétinoate d'hydroxypinacolone, un ester d'acide rétinoïque directement actif.

Le rétinoate d’hydroxypinacolone (HPR) est un rétinoïde de nouvelle génération qui se distingue par une particularité structurale intéressante : bien qu’il s'agisse d'un ester, il peut se lier directement aux récepteurs nucléaires de l’acide rétinoïque, sans nécessiter de transformation enzymatique préalable. Il combine ainsi la tolérance des esters de rétinol à l’efficacité biologique de l’acide rétinoïque, ce qui en fait un ingrédient de plus en plus prisé dans l'industrie cosmétique. Si on s'intéresse plus précisément à sa structure, le rétinoate d'hydroxypinacolone est un ester lipophile dérivé de l’acide rétinoïque et formé par estérification avec un groupe hydroxypinacolone.

Une étude clinique de 2023 s'est intéressée à la synergie existant entre le rétinoate d'hydroxypinacolone (HPR) et le propionate de rétinyle (RP) et à leur tolérance cutanée. Pour cela, 42 volontaires ont été recrutés et ont appliqué quotidiennement un sérum contenant du rétinoate d'hydroxypinacolone et du propionate de rétinyle dans un ratio de 5:9. Le pourcentage exact de chaque actif n'a pas été communiqué. Après 8 semaines d’utilisation, les rides, la douceur de la peau et la perte d'eau transépidermique se sont améliorées respectivement de 8,3%, 11,9% et 25,7%. Par ailleurs, 33 participants ont été soumis à des patchs-tests. Différentes concentrations de rétinol ont été testées, ainsi que des formulations contenant du rétinoate d'hydroxypinacolone et du propionate de rétinyle, toujours dans un ratio de 5:9. Les résultats montrent que les crèmes contenant l'HPR et le RP ont été significativement mieux tolérées que celles avec le rétinol.

Résultats des patchs-tests du rétinol par rapport à la combinaison HPR et RP (ratio 5:9).
Résultats des patchs-tests du rétinol par rapport à la combinaison HPR et RP (ratio 5:9).
Source : YE R. & al. The synergistic effect of retinyl propionate and hydroxypinacolone retinoate on skin aging. Journal of Cosmetic Dermatology (2023).

Les rétinoïdes à usage strictement médical.

L’acide rétinoïque est la forme biologiquement active des rétinoïdes et est le principal rétinoïde utilisé dans le domaine médical. Contrairement au rétinol, au rétinal ou aux esters de rétinol, il agit directement en se liant aux récepteurs nucléaires de l’acide rétinoïque (RAR) et au récepteur X des rétinoïdes (RXR), modulant ainsi l'expression de gènes impliqués dans la différenciation cellulaire, la kératinisation, la production de sébum ou encore la synthèse de collagène. Son usage est réservé au cadre médical, en raison de son efficacité puissante… mais aussi de ses effets secondaires notables. L'acide rétinoïque peut être divisé en plusieurs sous-familles.

  • La trétinoïne.

    Utilisée en dermatologie depuis les années 1970, la trétinoïne est majoritairement prescrite pour traiter l'acné. Elle régule la prolifération des kératinocytes, normalise la desquamation et réduit la formation de comédons. Elle stimule également la production de collagène et augmente l'épaisseur du derme. Cependant, la trétinoïne est souvent irritante et son application conduit relativement fréquemment à des érythèmes, des sensations de brûlure et de la desquamation. Cela limite parfois sa tolérance, surtout chez les peaux fines ou sensibles.

  • L'isotrétinoïne.

    Principalement connue sous sa forme orale sous son ancien nom commercial Roaccutane, l’isotrétinoïne est indiquée dans les cas d’acné sévère ou résistante aux traitements classiques. Elle agit en réduisant la taille des glandes sébacées, en diminuant la production de sébum, en inhibant la prolifération de Cutibacterium acnes, la bactérie impliquée dans la pathogenèse de l'acné, et en normalisant la kératinisation. C’est l’un des médicaments les plus efficaces contre l’acné mais il nécessite un encadrement médical strict en raison de ses effets secondaires systémiques (sécheresse intense, troubles hépatiques, risque tératogène élevé). En usage topique, l'isotrétinoïne est mieux tolérée mais est assez peu prescrite car moins efficace.

  • L'alitrétinoïne.

    Moins connue, l’alitrétinoïne se distingue par sa capacité à se lier à tous les sous-types connus de récepteurs de l'acide rétinoïque, à savoir RAR-α, RAR-β, RAR-ɣ, RXR-α, RXR-β et RXR-ɣ, contrairement à d'autres rétinoïdes qui sont des agonistes spécifiques des récepteurs RAR ou RXR. Cela lui confère une action biologique plus large. Elle est principalement utilisée par voie orale dans le traitement de l’eczéma chronique sévère des mains résistant aux corticoïdes. L’alitrétinoïne module l’inflammation, réduit l’hyperkératinisation et améliore la cicatrisation. Là encore, son utilisation est encadrée, notamment en raison des risques tératogènes et des effets indésirables systémiques qui l'entoure.

Enfin, le tazarotène est un rétinoïde de synthèse utilisé de façon topique pour traiter le psoriasis et parfois l'acné. Il appartient à la classe des rétinoïdes acétyléniques Le tazarotène est un pro-médicament qui est rapidement converti en acide tazaroténique après application sur la peau. Ce dernier se lie préférentiellement aux récepteurs RAR-β et RAR-ɣ et exerce des effets anti-prolifératifs sur les kératinocytes, anti-inflammatoires, et stimule la régénération cellulaire. Comme les autres rétinoïdes, le tazarotène peut provoquer une irritation locale, ce qui limite parfois sa prescription en continu.

Toutes les formes de rétinoïdes sont strictement contre-indiquées pour les femmes enceintes car elles sont tératogènes, c'est-à-dire qu'elles augmentent les risques de malformation fœtales.

Les différentes formes de rétinoïdes, en bref.

RétinoïdesMécanisme d'actionApplication
RétinolInhibe la collagénase et l’expression des MMP, stimule la synthèse du collagène de type I et des glycosaminoglycanesPrévention du vieillissement cutané, réduction des ridules, amélioration de la texture de la peau, antioxydant
RétinalOxydé en acide rétinoïque par les rétinaldéhyde déshydrogénases (RALDH2) ou certaines enzymes de la famille CYP, stimule la prolifération des cellules épidermiquesPrévention du vieillissement cutané, réduction des ridules, amélioration de la texture de la peau, antioxydant
Esters de rétinolConvertis en rétinol par clivage de la liaison ester, puis en acide rétinoïque, stimulent la prolifération des cellules épidermiquesPrévention du vieillissement cutané, amélioration de la texture de la peau, antioxydant
Rétinoate d'hydroxypinacoloneAgit directement sur les récepteurs RAR, stimule la production de collagène, régule la kératinisationPrévention du vieillissement cutané, réduction des ridules, amélioration de la texture de la peau, antioxydant
TrétinoïneStimule la prolifération des cellules épidermiques, accélère l’élimination du sébum dans les canaux, réduisant ainsi l’inflammation des glandes sébacées, inhibe la kératinisationAcné, psoriasis, inflammation chronique des follicules pileux et des glandes sébacées
IsotrétinoïneDiminue la taille et l’activité des glandes sébacées, réduit la production de sébum, inhibe la prolifération des kératinocytes et l’inflammation, régule les médiateurs pro-inflammatoiresAcné sévère ou persistante, rosacée
AlitrétinoïneActive les récepteurs RAR et RXR, régule la différenciation cellulaire, diminue l’inflammation, action anti-proliférative Eczéma chronique et résistant des mains
TazarotèneRégule à la baisse les marqueurs de différenciation et de prolifération des kératinocytes ainsi que l’inflammationAcné, psoriasis
Les différents rétinoïdes utilisés en cosmétique et en dermatologie.
Adapté de : ZASADA M. & al. Retinoids: active molecules influencing skin structure formation in cosmetic and dermatological treatments. Advances in Dermatology and Allergology (2019).

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