Effet rétinol hyperpigmentation.

Le rétinol, une molécule qui combat les taches brunes ?

Bien que sans danger, les taches brunes peuvent être source de gêne et de frustration pour de nombreuses personnes en quête d'un teint uniforme. Or, le rétinol se présenterait comme une des options efficaces pour atténuer l'apparence de ces marques tenaces. Nous vous expliquons ici comment les rétinoïdes agissent face à cette affection dermatologiques.

Que sont les taches brunes ?

Les troubles de la pigmentation, tels que l'hyperpigmentation post-inflammatoire, les lentigos actiniques ou le mélasma, sont caractérisés par des macules irrégulières variant du brun clair au brun-gris, qui peuvent apparaître n'importe où sur le corps avec une prédilection pour le visage et les mains. C'est le résultat de modifications dans diverses facettes de la pigmentation, comprenant une production accrue et l'accumulation de mélanine ou le l'agglutination irrégulière de mélanine dans l'épiderme ou le derme.

Alors qu'elles peuvent persister pendant des mois voire des années, la cause précise des taches pigmentaires reste inconnue. Toutefois, l'exposition intense aux rayons UV, les hormones (endogènes et exogènes), les maladies inflammatoires (acné, dermatite de contact, psoriasis, folliculite, impétigo, etc.), la prédisposition familiale, les médicaments photosensibilisants et les dysfonctionnements endocriniens ont été identifiés comme des facteurs physiopathologiques pouvant être impliqués dans la pathogenèse de cette affection cutanée courante.

Utiliser le rétinol pour éclaircir les taches pigmentaires ?

Généralement difficiles à traiter, les rétinoïdes topiques (trétinoïne, adapalène, tazarotène, etc.) constitueraient apparemment une option favorable pour éclaircir les lésions hyperpigmentées, sans réduction de la couleur normale de la peau. En effet, il existe plusieurs données probantes issues d'essais cliniques en faveur de l'utilisation continue de rétinoïdes topiques en monothérapie ou conjointement avec d'autres agents dépigmentants topiques (acide azélaïque, hydroquinone, etc.) dans le traitement des troubles pigmentaires. Les résultats de ces études ont montré une efficacité sur la sévérité de la maladie, l'intensité de la pigmentation et la surface des lésions.

RéférencesParticipantsTraitementsRésultats
VOORHEES J. J. & al. (1993) -19 patientes présentant un mélasmaCrème à 0,1% d'acide rétinoïque une fois par jour pendant 40 semaines Éclaircissement clinique du mélasma chez 68% des patientes après 24 semaines de traitement
VOORHEES J. J. & al. (1993) -24 adultes de phototype foncé présentant des lésions hyperpigmentées modérées à sévères dues à l'acné, à l'irritation du rasage, à l'eczéma, aux poils incarnés et à la folliculiteCrème à 0,1% de trétinoïne pendant 40 semaines92% des patients présentant un éclaircissement significativement plus important avec la trétinoïne qu'avec le contrôle dès la semaine 4
BULGER L. & al. (2000)800 personnes présentant une peau photo-endommagée modérée à sévèreCrème à 0,1% d'isotrétinoïne une fois par jour pendant 36 semainesRéduction significative de la pigmentation du visage, des avant-bras et des mains après seulement 12 semaines de traitement et augmentant tout au long de la période de traitement de 36 semaines
GIBSON J. R. & al. (2001) -349 sujets présentant des photodommages faciauxCrème de tazarotène à différentes concentrations (0,1%, 0,05%, 0,025% et 0,01%) pendant 24 semainesRéduction de la teneur en mélanine dans l'épiderme au cours des 24 semaines de traitement
GIBSON J. R. & al. (2002) -542 patients présentant des photodommages au visageCrème de tazarotène à différentes concentrations (0,1%, 0,05%, 0,025% et 0,01%) une fois par jour durant 24 semaines, suivie d'une extension ouverte de 28 semainesAmélioration clinique de l'hyperpigmentation à la semaine 24, se poursuivant avec la continuation du traitement
PARSAD D. & al. (2002)31 patientes indiennes (phototype cutané IV) présentant un diagnostic clinique de mélasma facial de type épidermiqueCrème à 0,05% d'acide rétinoïque (trétinoïne) versus gel à 0,1% d'adapalène pendant 14 semainesRéduction de 37% de la surface et de la gravité du mélasma dans le groupe acide rétinoïque contre 41% dans le groupe adapalène
GRIFFITHS C. E. M. & al. (2003)90 patients caucasiens âgés de 18 à 85 ans atteints de taches de vieillesseGel d'adapalène à 0,1% ou 0,3% une fois par jour pendant 4 semaines, suivies d'applications biquotidiennes, si tolérées, jusqu'à 9 moisÉclaircissement des lentigos séniles chez 57% et 59% des patients ayant été traités avec 0,1% et 0,3% d'adapalène, respectivement, par rapport aux patients traités avec le gel contrôle après 9 mois de traitement
CALLENDER V. & al. (2006)74 patients âgés de plus de 12 ans présentant des phototypes III à VI et souffrant d'une hyperpigmentation post-inflammatoire induite par l'acnéCrème à 0,1% de tazarotène une fois par jour pendant 18 semainesRéduction significative de la gravité globale de l'hyperpigmentation, de l'intensité et de la surface des lésions hyperpigmentées au bout de 18 semaines
LE GALL N. & al. (2010)180 patients âgés de plus de 12 ans avec une hyperpigmentation post-inflammatoireCrème à 0,1% de tazarotène versus gel d'adapalène à 0,3% une fois par jour pour 16 semaines de traitementDiminution significativement plus importante des lésions hyperpigmentées avec la crème au tazarotène qu'avec le gel d'adapalène
TAYLOR S. C. & al. (2012)33 patients présentant des phototypes IV à VI âgés de plus de 12 ans souffrant d'hyperpigmentation post-inflammatoire induite par l'acnéGel de phosphate de clindamycine à 1,2% + trétinoïne à 0,025% une fois par jour pendant 12 semainesAmélioration chez 33% des patients de la gravité globale de l'hyperpigmentation entre le début de l'étude et la semaine 12
BHATT V. & al. (2019)766 sujets hispaniques âgés de 11 à 50 ans souffrant d'acné modérée à sévèreLotion à 0,05% de trétinoïne une fois par jour pendant 12 semainesDiminution progressive de la gravité de l'hyperpigmentation avec le traitement
GUÉNIN E. & al. (2020) -41 patients noirs âgés de plus de 9 ans atteints de lésions faciales d'hyperpigmentation post-inflammatoire modérée à sévèreLotion à 0,05% de trétinoïne une fois par jour pendant 12 semainesAmélioration globale de la gravité de l'hyperpigmentation chez 58,5% des sujets après 12 semaines
HARRIS S. & al. (2020)1 614 participants souffrant d'acné modérée à sévèreLotion à 0,045% de tazarotène sur une durée de 12 semainesAmélioration des séquelles d'hyperpigmentation associées à l'inflammation après 12 semaine de traitement

Quels sont les mécanismes qui sous-tendent ces effets ?

Pour conduire à une dépigmentation de la peau, les rétinoïdes induisent de nombreuses modifications structurelles et des changements histologiques. Les effets dépigmentants des rétinoïdes topiques impliqueraient l'accélération du renouvellement cellulaire de l'épiderme, soit que les kératinocytes se différencient plus rapidement depuis la couche basale vers la couche cornée, ce qui conduit à une perte rapide du pigment de mélanine via l'épidermopoïèse. Toutefois, en modifiant la couche cornée, les rétinoïdes facilitent aussi la pénétration des autres agents dépigmentants dans l'épiderme, lorsqu'ils sont utilisés en combinaison afin d'optimiser le potentiel dépigmentant.

Une autre théorie est que les rétinoïdes pouvaient induire une dispersion/distribution uniforme des granules de mélanine dans les kératinocytes. Il a aussi été démontré que les rétinoïdes topiques affectent directement la mélanogenèse via une inhibition de l'expression de l'enzyme tyrosinase formant la mélanine ainsi que des protéines TRP-1 et TRP-2, interrompant ainsi la synthèse de mélanine. Il a aussi été suggéré qu'ils moduleraient la teneur en mélanine épidermique via une action indirecte sur les kératinocytes. Cependant, les mécanismes fondamentaux qui sous-tendent l'effet éclaircissant des rétinoïdes ne sont pas entièrement compris.

Dans la peau, les différents rétinoïdes sont convertis en acide rétinoïque, qui est la forme active.

Marques hyperpigmentées : comment utiliser les rétinoïdes ?

On peut ainsi s'attendre à des améliorations de l’hyperpigmentation. Cependant, il est important d’appliquer les rétinoïdes comme prescrit pour minimiser davantage les effets secondaires (irritation, assèchement de la peau, exacerbation des taches brunes existantes, desquamation, etc.), d'éviter toute application pendant la grossesse et l'allaitement, d’utiliser quotidiennement un écran solaire, d'utiliser un nettoyant à pH équilibré et une crème hydratante non-comédogène après les rétinoïdes, de débuter le plus tôt possible le traitement aux rétinoïdes sauf en cas de contre-indication ou de problème de tolérabilité, et d'appliquer une crème hydratante avant le rétinoïde pour les personnes à la peau sensible n'affectant pas son absorption percutanée.

Sources

  • PAWELEK J. M. & al. Retinoic acid is a potent inhibitor of inducible pigmentation in murine and hamster melanoma cell lines. Journal of Investigative Dermatology (1990).

  • GRIFFITHS C. E. M. & al. Cellular, immunologic and biochemical characterization of topical retinoic acid-treated human skin. Journal of Investigative Dermatology (1991).

  • VOORHEES J. J. & al. An in vivo experimental model for effects of topical retinoic acid in human skin. British Journal of Dermatology (1993).

  • VOORHEES J. J. & al. Topical tretinoin (retinoic acid) therapy for hyperpigmented lesions caused by inflammation of the skin in black patients. New England Journal of Medicine (1993).

  • BULGER L. & al. Isotretinoin improves the appearance of photo-damaged skin: results of a 36-week, multicenter, double- blind, placebo-controlled trial. Journal of the American Academy of Dermatology (2000).

  • GIBSON J. R. & al. Tazarotene cream for the treatment of facial photodamage: a multicenter, investigator- masked, randomized, vehicle-controlled, parallel comparison of 0.01%, 0.025%, 0.05%, and 0.1% tazarotene creams with 0.05% tretinoin emollient cream applied once daily for 24 weeks. Archives of Dermatology (2001).

  • GIBSON J. R. & al. Efficacy of 0.1% tazarotene cream for the treatment of photodamage: a 12-month multicenter, randomized trial. Archives of Dermatology (2002).

  • PARSAD D. & al. Adapalene in the treatment of melasma: a preliminary report. Journal of Dermatology (2002).

  • GRIFFITHS C. E. M. & al. Assessment of adapalene gel for the treatment of actinic keratoses and lentigines: a randomized trial. Journal of the American Academy of Dermatology (2003).

  • CALLENDER V. & al. Tazarotene cream for postinflammatory hyperpigmentation and acne vulgaris in darker skin: a double-blind, randomized, vehicle-controlled study. Cutis (2006).

  • ORTONNE J-P. Retinoid therapy of pigmentary disorders. Dermatologic Therapy (2006).

  • LE GALL N. & al. Randomized comparison of the safety and efficacy of tazarotene 0.1% cream and adapalene 0.3% gel in the treatment of patients with at least moderate facial acne vulgaris. Journal of Drugs in Dermatology (2010).

  • TAYLOR S. C. & al. Efficacy and safety of clindamycin phosphate 1.2% and tretinoin 0.025% gel for the treatment of acne and acne-induced post-inflammatory hyperpigmentation in patients with skin of color. Journal of Clinical and Aesthetic Dermatology (2012).

  • BHATT V. & al. Novel tretinoin 0.05% lotion for once-daily treatment of moderate-to-severe acne vulgaris in a hispanic population. Journal of Drugs in Dermatology (2019).

  • GUENIN E. & al. Tolerability of tretinoin lotion 0.05% for moderate to severe acne vulgaris: a post hoc analysis in a black population. Cutis (2020).

  • HARRIS S. & al. Novel polymeric tazarotene 0.045% lotion for moderate-to-severe acne: Pooled phase 3 analysis by race/ethnicity. Journal of Drugs in Dermatology (2020).

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