Les gerçures des lèvres, également appelées chéilites, sont le reflet d'une peau déshydratée et d'un déséquilibre cutané. Leurs origines peuvent être diverses. Connaître le type de gerçures dont on souffre, ainsi que les causes sous-jacentes, est utile pour mettre en place un traitement adapté. Découvrez à la suite les principaux types de gerçures des lèvres.
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- Les différents types de gerçures et leurs causes.
Les différents types de gerçures et leurs causes.
- La chéilite climatique : l'impact du vent et du froid sur les lèvres
- La chéilite mécanique : les effets de l'irritation chronique sur les lèvres
- La chéilite actinique : les conséquences des rayons UV sur les lèvres
- La chéilite leucokératosique tabagique : un signal d’alerte lié au tabac
- La chéilite liée à un eczéma de contact : une réaction allergique
- La chéilite infectieuse : le résultat de la prolifération d'un pathogène
- La chéilite caustique : en réponse à des substances irritantes
- La chéilite exfoliative : une affection peu commune
- La chéilite médicamenteuse : consécutive d'un traitement
- Récapitulatif des principales formes de gerçures des lèvres
- Sources
La chéilite climatique : l'impact du vent et du froid sur les lèvres.
Si les lèvres sèches ou gercées sont si fréquentes en hiver, c'est parce que cette saison s'accompagne d'un froid mordant et de vents glacés, agressifs pour la peau, surtout celle des lèvres. Contrairement à d'autres zones du corps, elles sont pratiquement dépourvues de film hydrolipidique ce qui les rend particulièrement vulnérables aux agressions extérieures, et donc aux chéilites climatiques, une forme de gerçure caractérisée par une sécheresse accrue, des fissures et parfois une desquamation visible.
La lèvre inférieure, souvent plus exposée, peut développer une fissure médiane chronique, parfois profonde et douloureuse. Ce type de chéilite est aggravé par des comportements inconscients, comme le tic de léchage des lèvres, qui accentue leur déshydratation et fragilise encore davantage la barrière cutanée. Par ailleurs, ces lésions ouvertes sont une porte d’entrée aux infections secondaires, qu’elles soient bactériennes ou fongiques, pouvant alors compliquer la situation.
La chéilite climatique peut être facilement prévenue en appliquant régulièrement un baume à lèvres hydratant.
La chéilite mécanique : les effets de l'irritation chronique sur les lèvres.
Certaines gerçures des lèvres ne proviennent pas de l’environnement mais de facteurs mécaniques. Ces chéilites mécaniques résultent souvent d'irritations chroniques provoquées par des habitudes, des anomalies anatomiques ou des objets en contact avec la bouche. On peut par exemple citer les frottements liés à une prothèse dentaire mal ajustée, un contact constant entre les dents et les lèvres dû à une déformation dentaire ou encore l'utilisation fréquente d'instruments de musique ou de tétines. Les lésions mécaniques apparaissent souvent au niveau de la lèvre inférieure sous formes de squames.
Certains tics nerveux jouent également un rôle dans l’apparition des chéilites mécaniques. Outre le fait de passer régulièrement la langue sur les lèvres, le fait de mordiller ses lèvres, un comportement notamment observé durant des périodes de stress ou d'anxiété, peut être à l'origine de gerçures. Celles-ci sont souvent accompagnées d'une desquamation au niveau de la face interne des joues.
La chéilite actinique : les conséquences des rayons UV sur les lèvres.
Dépourvues de mélanine, les lèvres sont très sensibles au soleil et peuvent être sujettes à une forme particulière de gerçures : la chéilite actinique. Cette dernière apparaît lorsque les lèvres sont exposées de manière intense et/ou répétée aux rayons UV et se manifeste par des lèvres rouges, gonflées et douloureuses. Dans certains cas, des cloques et des croûtes peuvent se former et les lèvres peuvent se fissurer.
Les personnes ayant un phototype clair ou travaillant pendant des années en extérieur sont les plus à risque de souffrir d'une chéilite actinique. À noter que ce type de lésions, classées comme potentiellement malignes par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), peut évoluer vers un carcinome épidermoïde. En cas de suspicion d'une telle évolution, une biopsie est généralement effectuée.
Le risque de chéilite actinique rappelle l'importance de ne pas négliger la protection solaire des lèvres.
La chéilite leucokératosique tabagique : un signal d’alerte lié au tabac.
La chéilite leucokératosique tabagique se manifeste généralement sur la lèvre inférieure, au point de contact habituel avec la cigarette. Elle se caractérise par une plaque blanche, appelée leucokératose, qui donne son nom au trouble. Celle-ci peut être fine et uniforme ou plus épaisse et irrégulière. Elle résulte de l’irritation chronique causée par la chaleur et les substances toxiques contenues dans la fumée du tabac, comme la nicotine et le monoxyde de carbone. Rappelons en effet que le tabagisme, en plus d'affecter la santé globale, a des effets néfastes pour la peau, y compris au niveau des lèvres.
La chéilite leucokératosique tabagique nécessite souvent une prise en charge attentive car elle peut cacher une dysplasie ou un carcinome. Lorsqu'elle est détectée, une biopsie est souvent effectuée afin d'évaluer la gravité de la lésion. Dans certains cas, l'arrêt du tabac peut suffire à obtenir une régression complète de la chéilite leucokératosique tabagique.
La chéilite liée à un eczéma de contact : une réaction allergique.
La chéilite liée à un eczéma de contact résulte d’une hypersensibilité retardée apparaissant plusieurs jours après l’exposition à un allergène que l'organisme ne tolère pas. Selon la phase de réaction, les manifestations varient légèrement et peuvent aller d'un œdème discret des lèvres à des fissures, en passant par une desquamation labiale. Dans certains cas, des vésicules peuvent se former et s'accompagner de démangeaisons plus ou moins intenses.
De nombreuses substances peuvent causer un eczéma de contact au niveau des lèvres. Le plus souvent, ce dernier fait suite à l'application d'un rouge à lèvres ou d'un baume à lèvres renfermant un allergène, tel que le limonène ou le linalol. L'agent responsable de la chéilite peut aussi se trouver dans un dentifrice, un bain de bouche ou dans un chewing-gum ou un bonbon aromatisé. Enfin, certaines prothèses dentaires à base de nickel peuvent causer une allergie buccale.
Seules l'identification, souvent réalisée à l'aide de patchs-tests, et l'éviction de l'allergène responsable de la chéilite permettent de stopper la progression des lésions et leur récidive.
La chéilite infectieuse : le résultat de la prolifération d'un pathogène.
Les chéilites infectieuses, souvent classifiées comme des perlèches, sont dues à la prolifération d'un micro-organisme sur les lèvres, appartenant ou non à leur flore naturelle. On distingue trois types de chéilites infectieuses, selon la nature de l'agent pathogène :
La chéilite bactérienne.
Souvent observée chez les enfants, la chéilite bactérienne s'apparente à un impétigo et est causé par des bactéries de type streptocoques ou staphylocoques. Elle occasionne des vésicules remplies de pus à la surface des lèvres, évoluant souvent en croûtes. La chéilite bactérienne se cantonne rarement aux lèvres et s'étend généralement aux zones péri-buccales, voire péri-narinaires. La prise en charge de cette infection se fait à l'aide de soins antiseptiques locaux, couplés à une antibiothérapie, topique ou systémique, pendant une à deux semaines.
La chéilite virale.
La chéilite virale est principalement due à une infection récurrente par le virus de l’herpès simplex (HSV1 ou HSV2). Elle se caractérise par des vésicules groupées, localisées sur le vermillon et la peau adjacente. Ces vésicules évoluent vers des croûtes et guérissent généralement en une dizaine de jours. Des émollients locaux suffisent dans la majorité des cas pour stopper l'évolution d'une chéilite virale. S'ils ne sont pas assez efficaces, des antiviraux peuvent êtres prescrits, comme l’aciclovir, le valaciclovir ou le famciclovir.
La chéilite fongique.
La chéilite fongique ou mycosique est le plus souvent due à une infection à Candida albicans, une levure naturellement présente dans la cavité buccale mais qui peut devenir pathogène suite à certains évènements, tels qu'une diminution de l'immunité ou une antibiothérapie prolongée. Les chéilites fongiques ressemblent aux chéilites bactériennes et virales dans leur manifestation et provoquent des vésicules sur les lèvres, parfois suintantes. L'application d'une crème antifongique deux à trois fois par jour pendant deux semaines suffit généralement à endiguer l'infection.
En cas de lèvres gercées infectées, le premier réflexe à avoir est de consulter un médecin, afin qu'il détermine l'origine de l'infection et vous prescrive un traitement adapté.
La chéilite caustique : en réponse à des substances irritantes.
La chéilite caustique est une réaction inflammatoire due au contact des lèvres avec une substance irritative ou corrosive, souvent contenue dans des produits ménagers. Les lèvres deviennent alors rouges, gonflées et douloureuses. Dans les heures qui suivent l'irritation, des bulles peuvent se former, laissant ensuite la place à des croûtes en quelques jours. Les lésions de la chéilite caustique restent limitées à la zone de contact. Après une telle irritation des lèvres, il est important de les rincer abondamment et d'appliquer des émollients les jours suivants pour apaiser la peau. En cas de suspicion d'ingestion ou de réaction importante, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé.
La chéilite exfoliative : une affection peu commune.
Assez rare, la chéilite exfoliative implique des gerçures sévères et spectaculaires, bien que sans danger. On la reconnaît généralement aux épais squames bruns qu'elle provoque. Selon une étude américaine, les femmes seraient davantage touchées par la chéilite exfoliative et celle-ci pourrait être liée à des troubles psychiatriques, bien que cette hypothèse soit encore en cours d'étude. En effet, les mécanismes sous-jacents à la chéilite exfoliative sont encore peu connus. La prise en charge de ce trouble comprend l'application fréquente d'émollients, l'ablation des croûtes par un médecin et, dans certains cas, une psychothérapie.
La chéilite médicamenteuse : consécutive d'un traitement.
Dans certains cas, les gerçures aux lèvres sont la conséquence d'un traitement médical. Les traitements par rétinoïdes, comme l'isotréinoïne, prescrite en cas d'acné sévère ou persistante, entraînent souvent une sécheresse des lèvres, associée à des squames et des rougeurs. Ces molécules inhibent la prolifération des sébocytes et diminuent la production de sébum, déjà faible au niveau des lèvres, ce qui provoque leur assèchement. L'indinavir, un inhibiteur de protéase utilisé chez les patients souffrant du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), a une action analogue à celle des rétinoïdes, et peut induire une chéilite similaire.
Pour prévenir la chéilite médicamenteuse, un émollient labial est souvent prescrit en complément d'un traitement médicamenteux aux effets asséchants.
Récapitulatif des principales formes de gerçures des lèvres.
De nombreux types de chéilites peuvent affecter les lèvres, chacun ayant des causes et des manifestations spécifiques. Le tableau ci-dessous propose un récapitulatif non-exhaustif.
Type de chéilite | Cause principale | Effets sur les lèvres |
---|---|---|
Climatique | Exposition au vent et au froid | Sécheresse, desquamation |
Mécanique | Irritation chronique | Rougeurs, desquamation |
Actinique | Exposition prolongée aux rayons UV | Rougeurs, gonflements |
Leucokératosique tabagique | Tabac | Épaississement, plaques blanches |
Liée à un eczéma de contact | Réaction allergique | Rougeurs, démangeaisons, petites vésicules |
Infectieuse | Prolifération d’un pathogène (bactéries, champignons, virus) | Fissures, rougeurs, parfois pus |
Caustique | Contact avec une substance irritante ou corrosive | Rougeurs, brûlures |
Exfoliative | Déséquilibre dans la régénération cellulaire | Desquamation, inflammation |
Médicamenteuse | Prise de certains traitements médicamenteux | Sécheresse, fissures, inflammation |
Sources
LACOUR J. & al. Chéilite granulomateuse chez une enfant. Archives de Pédiatrie (2000).
TREISTER N. & al. Characterization and management of exfoliative cheilitis: a single-center experience. Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology and Oral Radiology (2013).
SAMIMI M. Chéilites : orientation diagnostique et traitement. La Presse Médicale (2016).
LUGOVIC-MIHIC L. & al. Differential diagnosis of cheilitis - How to classify cheilitis? Acta clinical Croatica (2018).
MRAVAC-STIPETIC M. & al. Diagnostic management of cheilitis: an approach based on a recent proposal for cheilitis classification. Acta Dermatovenerologica (2020).
VIJAYAN S. & al. Angular cheilitis - An updated overview of the etiology, diagnosis, and management. International Journal of Dentistry and Oral Science (IJDOS) (2021).
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