Soutenue par une solide base scientifique, le rétinol est perçu comme l'un des principes actifs les plus puissants pour atténuer les signes de vieillissement cutané. Néanmoins, il présente un large éventail d'effets secondaires, et ce malgré une utilisation réglementée dans les formules de soin. Or, cette irritation induite par le rétinol a tendance à se produire de manière répétée selon les individus. De ce fait, est-ce-que les facteurs génétiques peuvent régir l'irritation induite par l'utilisation de rétinol ?
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Nos gènes peuvent-ils prédire la sensibilité au rétinol ?
Sensibilité au rétinol, une question de génétique ?
Bien qu'il soit connu pour améliorer l'apparence de la peau, l'application topique de rétinol peut souvent provoquer une irritation et certains effets secondaires. La peau peut devenir sèche, rouge, squameuse et tirailler pendant quelques jours. Il a été suggéré que divers mécanismes soient impliqués dans l'irritation induite par le rétinol, notamment la libération de cytokines pro-inflammatoires (MCP-1 et IL-8), une perturbation de la barrière cutanée caractérisée par un déséquilibre génétique des facteurs liés à la couche cornée ou encore sa dégradation en sous-produits phototoxiques due à son instabilité sous l'effet des UV et de la chaleur.
Cependant, ces observations ont été estimées être insuffisantes pour expliquer l'apparition de cette irritation cutanée. Une approche génétique a alors été envisagée afin d'expliquer par quel mécanisme régit l'irritation cutanée induite par le rétinol. Précédemment, plusieurs études avaient déjà démontré que les gènes pouvaient être associés à l'efficacité et aux effets secondaires des médicaments.
Ainsi, dans un article datant de 2021, des chercheurs ont entrepris une analyse génétique sur 173 personnes d'origine coréenne, où ils ont étudié la propriété irritante des formules à base de rétinol. Pour ce faire, un séquençage de l'ADN a été effectué sur ces individus par prélèvement salivaire par puces à ADN afin d'obtenir un profil quantitatif de l'expression des gènes des différentes personnes, en comparaison à une séquence dite de référence.
Les résultats de l'analyse ont permis d'identifier 30 variantes génétiques appartenant à 10 gènes, connus pour avoir un rôle dans le métabolisme des rétinoïdes (RARB et RXRB) et la sensibilité générale de la peau (EGFR, CD44, IL18, IL4R, BCL2, CD86, RXRB, MMP10 et COL6A2) comme contribuant significativement à l'irritation de la peau au rétinol. Nous avons tous des variations de séquence d'ADN sur un même gène, appelées polymorphismes de nucléotides (PNS), pouvant alors affecter son expression et son fonctionnement.
Les chercheurs ont ensuite sélectionné 14 gènes candidats qui avaient été précédemment mis en évidence comme jouant un rôle dans le métabolisme des rétinoïdes et la sensibilité de la peau et ont examiné les PNS. Ils ont ensuite basé leurs expériences et analyses ultérieures sur 3 de ces gènes qu'ils ont jugés les plus importants, une sélection basée sur l'intensité de l'effet.
Les chercheurs ont utilisé un modèle statistique pour créer un score de risque polygénique afin de stratifier les individus en risque "faible", "moyen" ou "élevé" de sensibilité aux rétinoïdes en fonction des PNS qu'ils avaient identifiés. Les symptômes qu'ils ont évalués étaient en corrélation avec le score de risque.
Quels sont les limites de l'étude ?
Bien que cette étude soit pertinente, certains aspects semblent être subjectifs. Les gènes candidats analysés étaient basés sur une étude transcriptomique d'un modèle de peau reconstituée. Pourquoi ne pas avoir adoptée une approche bio-informatique en utilisant les données générées lors de leur analyse génétique et leurs expériences pour sélectionner leurs gènes candidats ? Plus tard, ils ont basés leurs expériences sur 3 de ces gènes qu'ils ont jugés importants, une sélection basée sur l'intensité de l'effet. Pourquoi avoir exclut le gène RARB, le récepteur des rétinoïdes, alors que ce dernier présentaient un "fort effet" contrairement au gène IL4R.
D'une manière plus générale, cette approche pour savoir la façon dont nous réagissons à des substances peut constituer un nouveau concept afin de limiter les réactions cutanées avec des formulations plus détaillées et personnalisées.
Sources
KANG K.-S. & al. The mechanism of retinol-induced irritation and its application to anti-irritant development. Toxicology Letters (2003).
GENG S. & al. All‐trans retinoic acid alters the expression of the tight junction proteins Claudin‐1 and ‐4 and epidermal barrier function‐associated genes in the epidermis. International Journal of Molecular Medecin (2019).
KANG N.-G. & al. Anti-irritant strategy against retinol based on the genetic analysis of Korean population/ A genetically guided top–down approach. Pharmaceutics (2021).
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