Le vitiligo est une dermatose étroitement liée à la couleur de la peau. En effet, en provoquant la dépigmentation de l'épiderme, il entraîne l'apparition de taches blanches à la surface de la peau, qui contrastent plus ou moins fortement selon les carnations. Ainsi, ces taches sont souvent plus visibles chez les peaux foncées. Mais cette différence de visibilité signifie-t-elle que la fréquence du vitiligo varie aussi selon la couleur de la peau ? Explorons ensemble cette question.
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Peau noire ou peau claire : le vitiligo survient-il à la même fréquence ?
Le vitiligo a-t-il une prévalence différente selon la couleur de peau ?
Le vitiligo est une maladie de peau résultant de la perte des mélanocytes. Pour rappel, les mélanocytes sont les cellules synthétisant la mélanine, le pigment qui donne sa couleur à la peau. Selon les phototypes, la quantité de mélanine synthétisée par les mélanocytes varie, ce qui explique la diversité des teintes de peau. Or, dans le cas du vitiligo, des facteurs génétiques, auto-immuns, anti-inflammatoires et liés au stress oxydatif provoquent la destruction des mélanocytes, et ainsi la fin de la synthèse de la mélanine. La peau apparaît alors totalement blanche à certains endroits. Se manifestant généralement de manière égale entre les sexes, le vitiligo affiche une prévalence mondiale d'environ 0,5% à 2%.
Toutefois, les taux de prévalence varient géographiquement et sont souvent plus élevés en Afrique et en Inde. Par ailleurs, plusieurs études semblent indiquer que le vitiligo touche davantage les personnes ayant un phototype de III ou de IV sur l'échelle de Fitzpatrick. Il s'agit des individus ayant la peau médium à mate, avec des sous-tons chauds et bronzes. On peut notamment citer deux études, menées avec respectivement 607 et 471 personnes atteintes de vitiligo, qui se sont intéressées à la prévalence du vitiligo selon le phototype. Les résultats de ces travaux sont rassemblés dans le tableau ci-dessous.
Étude | Phototype I | Phototype II | Phototype III | Phototype IV | Phototype V | Phototype VI |
---|---|---|---|---|---|---|
MARTINS & al. (2013) | 4 (0,7%) | 85 (14%) | 248 (40,9%) | 208 (34,3%) | 58 (9,6%) | 4 (0,7%) |
HARRIS & al. (2022) | 16 (3,4%) | 92 (19,5%) | 195 (41,4%) | 147 (31,2%) | 21 (4,5%) | 0 (0%) |
Il semblerait ainsi que le vitiligo prédomine particulièrement chez les personnes ayant un phototype de III ou IV.
Cela ne veut toutefois pas dire que les personnes à la peau très foncée ou très claire sont épargnées par cette maladie. Par ailleurs, si l'impact psychologique du vitiligo doit être pris en compte quelle que soit la couleur de la peau des individus, celui-ci est particulièrement retentissant chez les populations à la peau foncée et/ou dans les régions du monde où les stigmates sociaux et culturels sont fréquents. Cette différence de ressenti entre les phototypes a d'ailleurs été démontrée au cours d'une étude récente menée avec 123 patients. Parmi eux, 96 avaient la peau "claire" (phototypes I à III) et 27 avaient la peau "foncée" (phototypes IV à VI). Les personnes à la peau foncée ont été plus nombreuses à "souffrir du regard des autres" (68,2% contre 41,4%), à "craindre des répercussions sur leur apparence physique" (68,2% contre 53,3%) et à "considérer le vitiligo comme un handicap" (50% contre 29,4%).
Comment expliquer les différences de prévalence du vitiligo selon les couleurs de peau ?
L'étiologie du vitiligo est la même chez tous les phototypes et provient de la perte de mélanocytes, comme expliqué précédemment. Or, celle-ci est partiellement influencée par des facteurs génétiques. En effet, plus de 50 gènes de susceptibilité ont été associés au vitiligo, tels que HLA, CTLA4, NLRP1 ou encore TYR. Il est ainsi possible que les différences de prévalence observées entre les phototypes soient dues à une mixité encore faible entre les personnes de couleurs de peau différentes, entraînant une reproduction et un cloisonnement des gènes au sein des mêmes communautés.
Sources
MARTINS L. & al. A study of clinical profiles of vitiligo in different ages: an analysis of 669 outpatients. International Journal of Dermatology (2013).
EZZEDINE K. & al. Le fardeau du vitiligo : évaluation selon le phototype. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (2014).
EZZEDINE K. & al. Vitiligo: A Review. Dermatology (2020).
HARRIS J. & al. Vitiligo prevalence and quality of life among adults in Europe, Japan and the USA. Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology (2022).
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