Informations sur le sébum.

Tout ce qu’il faut savoir sur le sébum.

Alors qu'il est souvent sous-estimé du fait de l'image négative que les lipides projettent en terme de rendu, le sébum est pourtant essentiel pour la santé de la peau et des cheveux. Mais que savons-nous vraiment sur cette substance huileuse ? De quoi s'agit-il et quelle est son utilité ? Découvrez tout ce que vous devez savoir à son sujet dans cet article.

Sébum : définition, synthèse, composition.

Le sébum est un fluide complexe de lipides qui résulte de l'activité des glandes sébacées, annexées aux follicules pileux par le canal excréteur par lequel le sébum s'écoule pour atteindre la surface de la peau, elles-mêmes situées entre la partie du derme moyen et supérieur. Sa production est notamment sous stimulation hormonale : c'est pourquoi au cours de la vie le sébum n'est pas produit uniformément. Elle est plus importante à l'adolescence, pendant la grossesse ou au cours du cycle menstruel, des périodes où l'activité des hormones est la plus élevée.

Comment est synthétisé le sébum ?

Les glandes sébacées excrètent le sébum par éclatement des cellules sébacées matures (sébocytes) dans le conduit folliculaire, un processus contenu sons le nom de "sécrétion holocrine". En périphérie de la glande sébacée se trouvent des cellules sébacées non-différenciées et prolifératives, caractérisées par un aspect aplati.

Au cours de sa différenciation, ces cellules vont se charger progressivement en gouttelettes lipidiques et vont migrer vers le centre de la glande sébacée au niveau de la zone de maturation. Pendant le processus de maturation, les sébocytes vont augmenter de volume et continuer à synthétiser du sébum.

En fin de maturation, lorsque les cellules s'approchent du canal excréteur, elles se désagrègent et libèrent leur contenu lipidique selon un processus dit holocrine. Cela correspond au fait que la libération du sébum s’effectue par rupture de la membrane des sébocytes. Le sébum libéré va ensuite emprunter le canal pilo-sébacé pour rejoindre la surface de la peau, où il enrobe les fibres capillaires et s'étale sur la couche cornée en se mélangeant aux lipides épidermiques et à la phase aqueuse (sueur) pour former le film hydrolipidique.

De quoi le sébum est-il constitué ?

Le sébum préformé au sein de la glande sébacée et tel qu'il sort est un mélange complexe de quatre classes lipidiques : le squalène, les glycérolipides (triglycérides), les cires et le cholestérol. Le squalène et les cires sont des composés uniques et caractéristiques du sébum, alors que les autres constituants lipidiques sont retrouvés dans d'autres parties du corps.

Lors de son passage dans le canal pilo-sébacé pour être desservi en surface, ce sébum natif est par la suite exposé à l'oxygène et aux enzymes des micro-organismes résidents, ce qui conduit à une transformation d'une partie des lipides en dérivés estérifiés, oxydés et peroxydés. Par exemple, les triglycérides sont transformés en monoglycérides, diglycérides, glycérols et acides gras libres. De même, une grande partie du cholestérol est métabolisée en ester de cholestérol sous l'action des enzymes de la flore cutanée. Ainsi, le sébum produit dans les glandes sébacées est différent de celui excrété à la surface de la peau.

Quelles sont les fonctions biologiques du sébum ?

Même si pour certains le sébum est un ennemi, il est pourtant nécessaire à la santé et à la beauté de la peau et des cheveux. Parmi les fonctions qui lui sont attribuées, on peut citer :

  • Maintien de l'hydratation de l'épiderme : En s'associant à la sueur, le sébum constitue le film hydrolipidique qui recouvre la totalité de la surface de la peau. Il protège ainsi de la déshydratation de la couche cornée en maintenant les substances hygroscopiques dans les cellules épidermiques, conférées par sa composition en lipides et donc par son effet occlusif. Pour les cheveux, il a pour rôle d'empêcher qu'ils deviennent secs et cassants ;

  • Barrière mécanique : Le sébum est également chargée de protéger la peau et les cheveux contre tous les éléments extérieurs pouvant les agresser et les fragiliser, tels que les rayons UV du soleil, les conditions climatiques, la pollution, la fumée de cigarette, l'air conditionné... Il empêche la pénétration de substances étrangères dans la peau ;

  • Activité bactéricide : Le sébum permet même de détruire les bactéries présentes sur la peau et s'oppose à toute contamination microbienne. Lors de son excrétion, une partie des triglycérides présents dans le sébum est convertie en acides gras libres sous l'action d'hydrolases bactériennes. Ainsi, grâce aux acides oléique et palmitoléique contenus dans le sébum, la peau présente un pH légèrement acide empêchant que les "mauvaises" bactéries ne se développent. De même, certains acides gras libres du sébum possèdent une activité antibactérienne ;

  • Libération d'antioxydants liposolubles : Au cours de son excrétion, le sébum transporte avec lui des antioxydants, tels que la vitamine E entre autre, à la surface cutanée. La présence de tels constituants dans le sébum permet de lutter contre l'oxydation dues aux UV notamment ;

  • Activité pro- et anti-inflammatoire : Des lipides sébacés spécifiques ont été détectés comme exprimant des propriétés pro-inflammatoires et anti-inflammatoires. Parmi eux, l'acide oléique et l'acide linoléique favoriseraient la différenciation des cellules immunitaires (macrophages). Ils contribuent aussi à augmenter le potentiel de ces cellules à absorber P. acnes (agent microbien responsable de l'acné), tandis que les acides palmitique, oléique et stéarique augmentent la réponse des cellules immunitaires à la bactérie. En outre, l'acide linoléique et l'acide oléique auraient aussi un effet anti-inflammatoire sur les macrophages activés par inhibition de la sécrétion de certaines molécules pro-inflammatoires à la suite d'une réaction inflammatoire.

Pourquoi la synthèse de sébum subit-elle des variations ?

La production de sébum est continue et n'est pas contrôlée par des mécanismes neuronaux. Elle est de l'ordre d'un à deux grammes par 24 heures. Or, son niveau de production diffère d'un individu à l'autre et est à l'origine de différents types de peau. En effet, cette sécrétion lipidique est un processus contrôlée par différents mécanismes. Voici des exemples de facteurs autant physiologiques et qu'environnementaux qui peuvent perturbés la séborrhée :

  • Prédisposition génétique : Les variations dans le débit sébacé peuvent avoir une composante génétique avec une sensibilité particulière des glandes sébacées aux androgènes ;

  • Evolution avec l'âge : Pendant le dernier trimestre de grossesse, les glandes sébacées du foetus sont fonctionnelles. A la naissance, une stimulation de la sécrétion de sébum due aux hormones maternelles est observée et atteint son maximum lors du premier mois avant de diminuer lentement au cours des mois suivants jusqu'à devenir presque inexistante au bout du sixième mois. Vers l'âge de 9 - 10 ans, une nouvelle augmentation se produit pour atteindre un pic à la puberté en raison de l'augmentation de la testostérone dans le sang. La production de sébum se stabilise ensuite vers la vingtaine mais peut augmenter pour des raisons hormonales (grossesse, cycle menstruel, contraceptif, ménopause). A partir de la trentaine, un déclin d'environ 23% par décennie chez les hommes et d'environ 32% par décennie chez les femmes est observé. Cette diminution est plus marquée chez les femmes ménopausées, qui connaissent une chute des hormones (oestrogènes et progestérones), que les hommes qui est plus lente ;

  • Troubles hormonaux : Ils constituent les premiers responsables dans la régulation de la production de sébum. En effet, trois composantes de la fonction sébocytaire (différenciation et prolifération des sébocytes, et synthèse des lipides) sont contrôlées par les hormones. Les androgènes (dihydrotestostérone), l'hydrocortisone et l'hormone de croissance (insuline ou IGF) favorisent la croissance des cellules sébacées et la lipogenèse, tandis que les œstrogènes et la progestérone inhibent l'activité excessive des glandes sébacées en exerçant un effet antagoniste aux androgènes à partir d'une certaine dose ;

  • Alimentation trop riche en sucre : Des études ont montré que les aliments à index glycémique élevé (pain blanc, pommes de terres, aliments transformés, jus de fruits, etc...), les produits laitiers, ainsi que la viande (de part par la présence d'un acide aminé spécifique, la leucine) représentent des facteurs de risque impliqués dans les phénomènes d'hypersécrétion de sébum. En effet, en augmentant le taux d'insuline, ils vont stimuler la sécrétion d'une hormone de croissance qui, à son tour, augmente les taux d'androgènes dans le sang ;

  • Rythme circadien : Une étude a mis en évidence l'existence d'un rythme circadien dans la sécrétion de sébum chez le rat avec une diminution de l'activité des glandes sébacées pendant la nuit et un pic en fin de matinée ;

  • Température corporelle : Une étude a révélé que des variations de température pourraient influencer l'excrétion de sébum. En effet, une augmentation/diminution de 1°C de la température cutanée provoquerait une augmentation/diminution de l'ordre de 10% de la sécrétion de sébum. Cela peut refléter un changement dans la vitesse d'excrétion du sébum à la surface de la peau, probablement en raison d'un changement dans la viscosité du sébum connue pour varier en fonction de la température ;

  • Interactions médicamenteuses : La vitamine B12, les anxiolytiques, le lithium, les corticostéroïdes, certains tuberculostatiques et les halogènes (iode, brome) peuvent entraîner une hyperséborrhée.

Il existe d'autres facteurs endogènes qui peuvent perturber la sécrétion de sébum : l'exposition aux rayons UV du soleil, le stress, la fumée de cigarette, la pollution, etc...

Les complications liées à une fluctuation dans la sécrétion de sébum.

Lorsqu’il y a hypersécrétion de sébum, des désordres cutanés peuvent être observés. En effet, il y a engorgement des follicules pilo-sébacés, ce qui bouche les pores de la peau ou les racines des cheveux. Résultats : Cheveux gras, pores obstrués et dilatés, apparition d'imperfections du type points noirs, comédons ou boutons d'acné et folliculite.

A contrario, une production insuffisante de sébum a aussi des conséquences directes sur la santé et la qualité de la peau et de la chevelure. Il est notamment à l'origine des peaux sèches, des cheveux secs et cassants, et des peaux qui pèlent. En effet, cette faible quantité de sébum entraîne une perte insensible en eau accrue, mais aussi une altération de la kératine et de la cuticule du cheveu. Cet affaiblissement de la fonction barrière entretient aussi un état inflammatoire et rend la peau plus sujette aux rougeurs et irritations.

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