Effet des compléments alimentaires sur le vitiligo.

Vitiligo : les compléments alimentaires pour repigmenter la peau ?

Le marché des compléments alimentaires est actuellement en plein essor et s'étend à de multiples sphères, y compris au domaine médical. On trouve aujourd'hui des compléments alimentaires ciblant de nombreuses problématiques, y compris le vitiligo. Mais quelle est leur efficacité réelle ? Explorons ensemble cette question.

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Publié le 11 décembre 2024, mis à jour le 11 décembre 2024, par Pauline, Ingénieure chimiste — 9 min de lecture

Les compléments alimentaires sont-ils efficaces face au vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie auto-immune qui se traduit par l'apparition de taches blanches sur la peau, pouvant être très visibles, particulièrement chez les individus ayant la peau sombre. Bien qu'elle ne présente pas de risque pour la santé physique, il est important de ne pas sous-estimer l'impact psychologique de cette dermatose affichante et de ne pas la considérer comme une simple préoccupation esthétique. À l'heure actuelle, il n'est pas possible de guérir définitivement le vitiligo, mais certains traitements permettent de contrôler les poussées et de repigmenter certaines zones. En parallèle, un nombre croissant de compléments alimentaires affirmant favoriser la repigmentation de la peau voit le jour, alors même que les études scientifiques à ce sujet sont encore hésitantes.

À ce jour, de nombreux actifs ont été étudiés en prise orale pour leurs effets antioxydants et immunomodulateurs, des propriétés pouvant être intéressantes pour lutter contre le vitiligo. En effet, rappelons que, si cette dermatose est principalement à médiation auto-immune, plusieurs facteurs environnementaux, tels que le stress oxydatif, sont considérés comme des éléments déclencheurs du vitiligo. La prise de compléments alimentaires antioxydants et immunomodulateurs pourrait donc s'avérer pertinente, à condition qu'ils ne soient pas utilisés en remplacement des traitements prescrits par le dermatologue, comme les crèmes immunosuppressives, la photothérapie UVB ou encore les dermocorticoïdes.

  • Les vitamines B12 et B9.

    Les vitamines B12 et B9 sont toutes deux impliquées dans la biosynthèse de la mélanine, ce qui a conduit plusieurs chercheurs à s'interroger sur leur effet potentiel dans la gestion du vitiligo. Toutefois, si une étude clinique menée pendant six mois sur 100 patients a montré une meilleure repigmentation de la peau en associant de la photothérapie UVB à la prise de vitamines B12 et B9 par rapport à de la photothérapie seule, une autre ayant appliqué le même protocole avec 27 volontaires n'a montré aucune différence significative entre les groupes.

    Les résultats sont mitigés sur l'intérêt des compléments alimentaires à base de vitamines B12 et B9 sur le vitiligo.

  • La vitamine D.

    La vitamine D est suspectée d'avoir un potentiel anti-vitiligo car elle pourrait moduler la voie de signalisation Wnt/ß-caténine dans les mélanocytes soumis à un stress oxydatif. En outre, la vitamine D inhibe l'accumulation de radicaux libres et l'apoptose cellulaire dans ces cellules. Une étude menée avec 15 enfants souffrant de vitiligo a montré que l'association de tacrolimus topique, un immunosuppresseur, à la prise orale de vitamine D permettait d'obtenir une meilleure repigmentation de la peau en six mois que le tacrolimus seul. Un autre essai randomisé en aveugle portant sur 48 femmes a aussi étudié l'effet d'une supplémentation en vitamine D pendant 5 mois. Une amélioration des lésions de vitiligo a été constatée chez les participantes ayant reçu la vitamine D, contrairement à celles ayant eu le placebo.

    La vitamine D pourrait être un bon adjuvant pour combattre le vitiligo, même si davantage d'études sont encore requises.

  • La vitamine E.

    La vitamine E est un antioxydant bien connu, à la fois en cosmétique et dans le domaine des compléments alimentaires. Une étude menée auprès de 24 patients atteints de vitiligo et répartis en deux groupes a révélé qu'après six mois, 72,7 % des participants ayant reçu 400 UI de vitamine E par jour combinée à une photothérapie UVB présentaient une repigmentation excellente, contre 55,6 % de ceux ayant uniquement bénéficié de la photothérapie. D’autres études ont ensuite confirmé l’intérêt de combiner la photothérapie UVB à la prise de vitamine E, celle-ci semblant en renforcer l’efficacité.

    En complément d'une photothérapie UVB, la vitamine E pourrait être un adjuvant bénéfique pour traiter le vitiligo.

  • L'extrait de gingko.

    Outre les vitamines, certains extraits de plantes sont considérés comme potentiellement intéressants en cas de vitiligo. C'est notamment le cas de l'extrait de gingko, possédant des propriétés antioxydantes et immunomodulatrices, notamment en modifiant la voie Nrf-2, qui a un rôle protecteur contre le stress oxydatif. Une étude menée en aveugle pendant six mois avec 47 patients ayant reçu quotidiennement 120 mg d'extrait de gingko ou un placebo a montré l'intérêt de ce complément alimentaire. En effet, près de la moitié des volontaires ayant reçu l'extrait ont observé un arrêt de la progression de leur vitiligo.

    Même si l'étude a montré des résultats prometteurs, d'autres travaux sont nécessaires pour conclure sur l'intérêt de l'extrait de gingko en cas de vitiligo.

  • L'extrait de Phyllantus emblica associé à de la vitamine E et à des caroténoïdes.

    Le fruit de P. emblica a également été étudié en association avec des caroténoïdes et de la vitamine E sur 130 sujets. La moitié des participants à l'étude ont reçu uniquement des traitements conventionnels, type photothérapie ou traitements topiques. L'autre groupe a reçu un traitement conventionnel avec la combinaison de P. emblica, de caroténoïdes et de vitamine E. L'étude a montré qu'après 6 mois, un nombre significativement plus élevé de participants du groupe supplémenté présentait une repigmentation des zones atteintes par le vitiligo.

    L'association d'un extrait de P. emblica, de vitamine E et de caroténoïdes pourrait améliorer l'efficacité des traitements classiques, bien que davantage de preuves scientifiques soient encore nécessaires.

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