Ivermectine et traitement de la rosacée papulo-pustuleuse

L’ivermectine, un nouveau traitement topique pour le traitement des lésions papulo-pustuleuses de la rosacée.

Difficile à vivre car stigmatisante, la rosacée papulo-pustuleuse est une dermatose caractérisée par une rougeur diffuse du visage accompagnée d'une dilatation visible des vaisseaux sanguins et de papules et de pustules. Le traitement habituel de cette forme de rosacée consiste en l'utilisation de métronidazole, un antibiotique que beaucoup de personnes ont du mal à tolérer. En réponse, les professionnels de santé incluent depuis quelques années l’ivermectine dans les solutions à la rosacée papulo-pustuleuse. Découvrez ici plus d'informations sur ce médicament.

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Publié le 4 octobre 2024, mis à jour le 7 octobre 2024, par Marie, Rédactrice Scientifique — 6 min de lecture

Ivermectine : quel est son intérêt en cas de rosacée papulo-pustuleuse ?

L’ivermectine est une substance dérivée de l'avermectine, un composé organique macrocyclique aux propriétés insecticides isolé à partir de la fermentation de la bactérie Streptomyces avermitilis. L’intérêt de l’ivermectine dans la sphère dermatologique réside dans sa capacité à réduire les rougeurs et les papules et pustules, des symptômes caractéristiques de la rosacée papulo-pustuleuse. De plus, grâce à son action anti-parasitaire, l'ivermectine agit aussi en supprimant l’activité des acariens Demodex Folliculum, dont on suppose que la multiplication est en cause dans le développement de la rosacée papulo-pustuleuse. De façon générale, cet antibiotique participe à améliorer la qualité de vie des patients atteints de rosacée en diminuant l'embarras quotidien provoqué par ses différents symptômes.

En diminuant l'inflammation de la peau, l'ivermectine atténue l'érythème et diminue le nombre de lésions papulo-pustuleuses.

D'un point de vue mécanistique, l'ivermectine agit en se fixant sur les canaux glutamate-dépendants des parasites, y compris ceux de Demodex Folliculum. Cela provoque l'hyperpolarisation des cellules par augmentation de la perméabilité membranaire aux ions chlorures, entraînant alors la mort des micro-organismes. Par ailleurs, l'ivermectine présente des propriétés anti-inflammatoires au niveau des lésions cutanées. En effet, elle est capable d'inhiber la production de certaines cytokines pro-inflammatoires par les cellules immunitaires, comme les interleukines 1 et 6 (IL-1 et IL-6) induites par le lipopolysaccharide (LPS), réduisant ainsi les rougeurs, les papules et les pustules caractéristiques de la rosacée papulo-pustuleuse.

L'efficacité de l'ivermectine pour lutter contre la rosacée papulo-pustuleuse a été évaluée au cours de deux études cliniques identiques récentes menées en parallèle. Les patients ont pour cela reçu une formulation contenant 1% d'ivermectine ou la même crème sans ivermectine. Après 12 semaines d'application quotidienne, une amélioration a été constaté chez 38,4% et 40,1% des patients des groupes "ivermectine" contre 11,6% et 18,8% pour les groupes "placebo". Par ailleurs, des réductions des nombres de lésions inflammatoires de 76,0% et 75,0% pour les groupes "ivermectine" contre 50,0% pour les groupes "placebo" ont été enregistrées. L'ivermectine semble ainsi être un médicament intéressant pour lutter contre la rosacée papulo-pustuleuse.

Son efficacité a également été comparée à celle du métronidazole, couramment utilisé pour traiter la rosacée papulo-pustuleuse. Pour cela 962 patients ont été séparés en deux groupes et ont reçu une crème à 1% d'ivermectine ou une crème à 0,75% de métronidazole. Après 16 semaines d'application quotidienne, une amélioration significative a été observée chez 84,9% des patients du groupe "ivermectine", contre 75,4% de ceux du groupe "métronidazole". L'ivermectine semble ainsi s'imposer comme une alternative intéressante au métronidazole dans le cas de la rosacée papulo-pustuleuse.

Des effets secondaires et des précautions d'emploi particulières liés à l'ivermectine ?

Comme tous les médicaments, l'ivermectine peut provoquer des effets secondaires. Ces derniers sont néanmoins peu fréquents. En effet, environ 1% des patients qui l'utilisent pour traiter leur rosacée papulo-pustuleuse rapportent une sensation de brûlure et une légère irritation. Certains ont également constaté une sécheresse cutanée, parfois accompagnée de démangeaisons. Ces désagréments sont généralement d’une intensité légère à modérée et diminuent au cours du traitement.

Autre point de vigilance concernant l'ivermectine : elle peut augmenter la sensibilité de la peau aux rayons UV. Il est donc conseillé de l'appliquer le soir, avant de se coucher. On recommande aussi d’éviter les longues expositions au soleil lorsque l'indice UV est élevé et d'utiliser quotidiennement une protection solaire. Enfin, l'application d'ivermectine est généralement déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes car elle présenterait un risque neurotoxique.

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