L’oxydation des acides gras est un phénomène naturel souvent négligé qui pourrait bien altérer la barrière cutanée et aggraver la perte en eau. Comment les acides gras s'oxydent-ils ? Ce processus impacte-t-il l'hydratation de la peau ? Découvrez à la suite toutes les réponses.

- Carnet
- Problèmes de peau
- L'oxydation des acides gras aggrave la déshydratation.
L'oxydation des acides gras aggrave la déshydratation.
- Comment se déroule l'oxydation des acides gras ?
- L'oxydation des acides gras est-elle source de déshydratation cutanée ?
- Sources
Comment se déroule l'oxydation des acides gras ?
Les acides gras sont des constituants majeurs de la peau. Ils proviennent principalement de deux sources distinctes : les glandes sébacées et la matrice extracellulaire sécrétée par les kératinocytes. Les premières produisent le sébum, composé à 15-30% d'acides gras, l'un des constituants du film hydrolipidique. On retrouve également des acides gras dans la couche cornée, à hauteur d'environ 10-15%, ainsi que d'autres lipides (céramides et cholestérol). La fonction première des lipides de la peau est de former une barrière protectrice à la perte en eau, aux réactions inflammatoires et à l'entrée des micro-organismes.
Toutefois, la sensibilité à l’oxydation des acides gras peut altérer leurs propriétés et compromettre l’intégrité de la barrière cutanée.
En effet, les acides gras insaturés, c'est-à-dire possédant une ou plusieurs doubles liaisons dans leur structure chimique, peuvent subir une oxydation lorsqu'ils entrent en contact avec des espèces réactives de l'oxygène, générés naturellement dans les tissus cutanés par le métabolisme ou sous l'effet d'une exposition aux rayons UV du soleil ou à la pollution. Quand ce type de radical libre, dont la structure chimique présente un électron non apparié, entre en contact avec un acide gras, il arrache un atome d’hydrogène à l’un des carbones adjacents à une double liaison, provoquant ainsi la formation d'un radical lipidique, une espèce instable qui réagit très rapidement avec l’oxygène de l'air au cours d'une réaction appelée : peroxydation lipidique.
Ce nouveau radical libre cherche ensuite à se stabiliser en captant un électron d'un acides gras voisin, générant un nouveau radical. Ce mécanisme crée une réaction en chaîne où les acides gras sont progressivement oxydés les uns après les autres. Cette dernière s'arrête suite à l'intervention d'antioxydants, comme la vitamine E ou le glutathion, qui neutralisent les radicaux libres, ou lorsque les défenses antioxydantes endogènes de la peau sont épuisées, laissant place à l'accumulation de peroxydes lipidiques et sous-produits oxydés.

L'oxydation des acides gras est-elle source de déshydratation cutanée ?
L’oxydation des acides gras est un phénomène qui modifie la structure lipidique de la peau et, de fait, l'efficacité de sa fonction barrière.
Cette altération a un impact direct sur la capacité de rétention d’eau de la peau. En temps normal, lorsque les lipides intercellulaires sont bien organisés, la couche cornée est en mesure de retenir efficacement l'eau dans les tissus cutanés. Il en va différemment quand l'oxydation des acides gras perturbe cette organisation en fragmentant les lipides. Par exemple, l'acide linoléique, présent en grande quantité dans la couche cornée, limite la perte d'eau transépidermique (TEWL) en se liant aux molécules d’eau de la peau. Lorsque les niveaux de cet acide gras diminuent, la TEWL et la déshydratation cutanée augmentent. Des études ont également montré que l'absence d’ELOVL4, une enzyme impliquée dans l’élongation des acides gras très longs, fragilise la barrière cutanée en réduisant la quantité de lipides de la couche cornée, ce qui accentue la déshydratation de la peau, pouvant même conduire à l'émergence de dermatoses, comme l'eczéma, caractérisée par une altération de la fonction barrière de la peau et d'importantes pertes en eau.
Une étude contrôlée en double aveugle et menée auprès de 32 enfants atteints de dermatite atopique a récemment montré l'intérêt de l'acide linolénique, un acide gras, pour restaurer la barrière cutanée. Pour cela, de l'huile de bourrache enrichie en acide linolénique a été implantée dans des chemises en coton. Les patients du groupe "acide linolénique" ont porté quotidiennement ces chemises tandis que ceux du groupe placebo ont reçu des chemises en coton pur. Deux semaines plus tard, l'érythème, le prurit mais aussi la TEWL avaient significativement diminué. Ces résultats laissent penser que l'acide linolénique pourrait avoir un rôle potentiel dans l'amélioration de la fonction de barrière cutanée et que son oxydation pourrait au contraire entraîner une déshydratation de la peau.
Enfin, les produits d’oxydation des acides gras peuvent être à l'origine d'une réaction inflammatoire qui aggrave la détérioration de la barrière cutanée. En effet, une production accrue de cytokines pro-inflammatoires et de médiateurs, tels que les prostaglandines, amplifie les dommages et crée un cercle vicieux : la peau devient plus perméable, la perte d’eau s’accélère et la sécheresse cutanée s’installe.
Pour lutter contre l'oxydation des acides gras et ainsi contre la déshydratation, il est bon d'intégrer des antioxydants dans sa routine de soin.
Sources
JACOBS B. & al. Measurement of peroxisomal fatty acid beta-oxidation in cultured human skin fibroblasts. Journal of inherited metabolism disease (1995).
JUDDE A. Prévention de l’oxydation des acides gras dans un produit cosmétique : mécanismes, conséquences, moyens de mesure, quels antioxydants pour quelles applications ? Oilseeds and fats, Crops and Lipids (2004).
BONTÉ F. & al. Skin hydration: a review on its molecular mechanisms. Journal of Cosmetic Dermatology (2007).
KANEHARA S. & al. Clinical effects of undershirts coated with borage oil on children with atopic dermatitis: a double-blind, placebo-controlled clinical trial. The Journal of dermatology (2007).
PICARDO M. & al. Lipid mediators in skin inflammation: updates and current views. Mediators of Inflammation (2010).
Thèse de Dongdi LI. Bioinformatics-based approaches to engineer the transmembrane Δ6 desaturase from Micromonas pusilla (2016).
SONG L. & al. A review of fatty acids influencing skin condition. Journal of Cosmetic Dermatology (2020).
Diagnostic
Découvrez votre
typologie de peau.