Le jeûne intermittent, souvent pratiqué pour améliorer la santé cardiovasculaire et réduire les risques de diabète, pourrait avoir un effet inattendu : ralentir la croissance des cheveux. C’est ce que suggère une étude récente publiée dans la revue Cell. Quels sont les résultats de cette recherche ? Le jeûne intermittent impacte-t-il réellement la pousse des cheveux ? Découvrez les réponses dans cet article.
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- Le jeûne intermittent peut-il ralentir la pousse des cheveux ?
Le jeûne intermittent peut-il ralentir la pousse des cheveux ?
- Le jeûne intermittent, en bref
- Des effets du jeûne intermittent sur la pousse des cheveux ?
- Le jeûne intermittent interfère-t-il avec le cycle pilaire ?
- Cette étude suffit-elle à affirmer que le jeûne intermittent réduit la vitesse de pousse des cheveux ?
- Sources
Le jeûne intermittent, en bref.
Le jeûne intermittent, cette pratique consistant à alterner des périodes de jeûne plus ou moins longues avec des moments de prise alimentaire normale, séduit de plus en plus. Lorsqu'elle est réalisée sans excès, cette méthode pourrait être bénéfique pour la santé et permettre entre autres une meilleure gestion de la glycémie et du diabète de type 2 en augmentant la sensibilité du corps à l’insuline et la dégradation des graisses. Le jeûne intermittent aurait également des effets positifs sur la santé cardiovasculaire, car il contribuerait à diminuer la graisse corporelle, la pression artérielle et la fréquence cardiaque.
27%
de la population française pratique le jeûne intermittent.
61%
des Français pratiquant le jeûne intermittent le font pour des raisons de santé.
Selon le temps de jeûne, on distingue différents types de jeûne intermittent, les principaux étant le jeûne de 24 heures, s'effectuant une à deux fois par semaine ; le jeûne alterné, un jour sur deux ; et les méthodes dites 5/2, 16/8, 20/4 et 36/12. La méthode 5/2 consiste à limiter sa consommation calorique à environ 600 calories, deux jours non-consécutifs par semaine. Les méthodes 16/8, 20/4 et 36/12 se comprennent ainsi : le premier nombre indiquent le nombre d'heures de jeûne et le second le nombre d'heures pendant lequel il est possible de s'alimenter. À noter que les méthodes 20/4 et 36/12 sont assez radicales et mènent souvent à une perte de poids, pouvant être dangereuse pour les personnes déjà minces.
Si vous envisagez de commencer un jeûne intermittent, il est recommandé de demander d'abord un avis médical.
Des effets du jeûne intermittent sur la pousse des cheveux ?
Si la plupart des scientifiques s'accordent à dire que le jeûne intermittent est bénéfique pour la santé, certains mettent en garde contre un potentiel effet secondaire inattendu : la perturbation du cycle pilaire et le ralentissement de la pousse des cheveux. Cette hypothèse repose sur des études antérieures qui ont montré qu'un régime faible en calories pouvait entraîner une perte de cheveux accrue. Pour la mettre à l'épreuve, un groupe de scientifiques a mené une étude clinique pendant dix jours avec 49 volontaires en bonne santé, répartis aléatoirement en trois groupes : le premier soumis à un jeûne intermittent 18/6 (TRD), le second suivant un régime avec restriction énergétique (ERD) de 1 200 à 1 500 kcal/jour, et un groupe témoin avec une prise alimentaire normale (ND).
Juste avant l'étude, les chercheurs ont rasé une zone de 1 cm² sur le cuir chevelu des participants. Ils ont ensuite mesuré la longueur des cheveux repoussés trois jours après. Ils ont fait de même à l'issue de la période afin de comparer la vitesse de pousse des cheveux pour chaque participant, avant et après la période de jeûne. Les résultats indiquent que, comparé au groupe témoin, le groupe soumis au jeûne intermittent (TRD) avait une croissance capillaire jugée comme significativement réduite par les chercheurs (p = 0,0028). Pour information, un résultat est généralement considéré comme statistiquement significatif lorsque sa valeur p est inférieure à 0,05.
Plus précisément, il a été évalué que la vitesse moyenne de repousse des cheveux avait été réduite de 18% dans le groupe TRD. Des analyses sanguines ont également été effectuées et ont montré que 18 heures de jeûne engendraient une augmentation des hormones lipolytiques dans le sang des participants. Or, ces hormones, impliquées dans la dégradation des graisses pour fournir de l’énergie aux cellules, pourraient détourner les ressources disponibles au détriment des follicules pileux. Le jeûne intermittent pourrait ainsi effectivement impacter les follicules pileux et la croissance des cheveux.

Le jeûne intermittent interfère-t-il avec le cycle pilaire ?
Pour mieux comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents, les chercheurs ont ensuite étudié l'effet des jeûnes intermittents 16/8, appelé TRF dans l'étude, et alterné, nommé ADF, sur des souris de 60 jours dont les follicules pileux étaient en phase télogène. Pour rappel, le cycle pilaire suit trois phases : la phase anagène (phase de pousse), la phase catagène (phase de repos) et la phase télogène (phase de chute). Les souris ont été rasées avant les traitements, et la repousse de leurs poils a été surveillée pendant une période de 96 jours.
Trois groupes de souris, dont le nombre n'a pas été communiqué, ont été formés : un premier constitué de souris nourries ad libitum (AL), un second avec celles suivant un jeûne intermittent 16/8 (TRF) et un troisième avec les animaux soumis à un jeûne intermittent alterné (ADF). Les scientifiques ont observé une repousse des poils dorsaux des souris AL à partir du jour 80. En revanche, les animaux TRF et ADF ont présenté une régénération du follicule pileux significativement altérée, avec seulement une repousse partielle des poils observée au jour 156. Néanmoins, l'absence d'informations sur les tailles des échantillons complique l'analyse de ces résultats, ce point pouvant fortement influencer la robustesse des résultats. Cette dernière pourrait également être renforcée en répétant plusieurs fois l'expérience avec d'autres groupes de souris.
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Par ailleurs, une coloration à l'hématoxyline et à l'éosine a révélé que les follicules pileux des souris suivant un jeûne intermittent étaient bloqués dans une phase télogène prolongée, ce qui entraînait une absence de production de nouvelles tiges capillaires. Cette technique de coloration largement utilisée en histologie permet de détecter les modifications des structures cellulaires et a ici permis d’identifier les anomalies des follicules. En effet, les follicules en phase télogène sont caractérisés par une miniaturisation et une atrophie partielle des cellules folliculaires. Les follicules en phase anagène, quant à eux, montrent une expansion et la présence de cellules activement proliférantes, ce qui permet de les identifier.
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Le jeûne intermittent semble ralentir la pousse des poils chez les rongeurs.
En outre, les chercheurs ont utilisé la technique de séquençage de l’ARN pour comparer l'expression génétique entre des souris nourries ou ayant subi une période de jeûne de 24 ou 48 heures, et déterminer quels gènes sont activés ou réprimés. Ils ont découvert une régulation différentielle de plusieurs voies métaboliques, notamment celles impliquées dans l’oxydation des acides gras, qui étaient fortement activées après 24 heures de jeûne. En parallèle, les gènes associés à la synthèse du glucose, comme ceux régulant la gluconéogenèse, montraient une diminution d’expression, indiquant un changement du métabolisme énergétique vers une utilisation préférentielle des lipides. De plus, certains marqueurs de stress oxydatif étaient régulés à la hausse. Enfin, certains gènes liés à l’inflammation étaient également moins exprimés, ce qui pourrait expliquer les effets anti-inflammatoires rapportés dans d’autres études sur le jeûne intermittent.
Deux hypothèses majeures ont été émises par les chercheurs pour expliquer cette observation.
Une communication inter-organique entre les glandes surrénales et les adipocytes dans les follicules pileux.
L'une des hypothèses des auteurs est que le jeûne intermittent active un mécanisme de communication inter-organique, impliquant les glandes surrénales et les adipocytes dans les follicules pileux. En réponse au jeûne, les glandes surrénales augmentent la production de cortisol, une hormone qui aide à mobiliser les réserves d'énergie en dégradant les graisses et les protéines. Toutefois, cette hormone pourrait avoir des effets négatifs sur la pousse des cheveux en inhibant la prolifération des cellules souches, réduisant ainsi leur capacité à se multiplier et à renouveler les follicules pileux.
Le cortisol est également suspecté de perturber le cycle pilaire et de favoriser l'entrée en phase télogène. Parallèlement, pendant le jeûne, les adipocytes libèrent des acides gras libres dans la circulation sanguine, comme partie du processus de mobilisation des graisses. Or, cette libération rapide d'acides gras est suspectée de ralentir le métabolisme des cellules souches dans les follicules pileux. Cette première hypothèse d'une communication inter-organique entre les glandes surrénales et les adipocytes dans les follicules pileux a été formulée lorsque les chercheurs ont observé une corrélation entre l'activation des glandes surrénales et celle des cellules souches du follicule pileux. Si elle semble plausible, elle nécessite d'être validée au cours de prochaines études.
Une augmentation du stress oxydatif dans les follicules pileux.
La deuxième hypothèse clé des chercheurs est que le jeûne intermittent provoque un stress oxydatif accru dans les cellules souches des follicules pileux. En effet, le métabolisme énergétique est modifié pendant le jeûne et la lipolyse s'intensifie. Or, lorsque le métabolisme des graisses augmente, la production d'espèces réactives de l'oxygène s'accroît. Ces molécules instables sont connues pour leur capacité à endommager les structures cellulaires, y compris l'ADN, les protéines et les membranes cellulaires. Les cellules souches des follicules pileux ne font pas exception et sont sensibles au stress oxydatif. Ce dernier, dû à l'accumulation des radicaux libres, peut provoquer l'apoptose des cellules souches des follicules pileux, c'est-à-dire leur mort cellulaire. Cette hypothèse a été appuyée par des travaux préliminaires menés in vitro sur des follicules pileux par les chercheurs mais nécessite encore davantage de travaux.
Si ces mécanismes sont plausibles, il s'agit pour le moment de simples hypothèses.
Cette étude suffit-elle à affirmer que le jeûne intermittent réduit la vitesse de pousse des cheveux ?
Si ces travaux suggèrent que le jeûne intermittent pourrait ralentir la pousse des cheveux, il est important de rester prudent. En effet, à ce jour, seule une étude clinique a été menée et celle-ci n'a fait intervenir qu'un nombre assez restreint de volontaires. Cela appelle à la prudence et à ne pas tirer de conclusions hâtives : même si une différence avec une solide valeur p a été observée, les résultats pourraient être influencés par la taille du groupe ou la variabilité interindividuelle. Par conséquent, ces premiers résultats nécessitent d'être confirmés lors de travaux supplémentaires pour valider leur robustesse.
Autre limite de l'étude, soulignée par les chercheurs eux-mêmes : elle a été uniquement menée sur des adultes en bonne santé, excluant ainsi les personnes souffrant d’obésité, c'est-à-dire celles adoptant le plus souvent des régimes de jeûne intermittent. De plus, les effets à long terme du jeûne intermittent sur la croissance des cheveux n'ont pas été évalués, l'étude ayant seulement été menée pendant dix jours. Ainsi, s'il est possible qu'une corrélation existe entre le jeûne intermittent et la vitesse de pousse des cheveux, celle-ci doit encore être validée au cours d'études complémentaires, effectuées sur des durées plus longues et avec davantage de volontaires.
Bien que ces premières données fournissent des indications intéressantes, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer un éventuel lien entre le jeûne intermittent et le ralentissement de la pousse des cheveux.
Sources
SEARS D. & al. Metabolic effects of intermittent fasting. Annual Review on Nutrition (2017).
DAMIANI G. & al. Fasting and its impact on skin anatomy, physiology, and physiopathology: A comprehensive review of the literature. Nutrients (2019).
VARADY K. & al. Effect of intermittent fasting on reproductive hormone levels in females and males: A review of human trials. Nutrients (2022).
ZHANG B. & al. Intermittent fasting triggers interorgan communication to suppress hair follicle regeneration. Cell (2024).
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