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Effets soleil sur vieillissement cutané.

Le soleil et le vieillissement de la peau.

Si le soleil est dans une certaine mesure bénéfique à l'organisme et au moral, les expositions prolongées et répétées peuvent être néfastes pour la peau et la faire vieillir prématurément. Découvrez ici plus de détails sur les mécanismes à l'œuvre.

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Publié le 12 juin 2024, mis à jour le 12 juin 2024, par Marie, Rédactrice Scientifique — 8 min de lecture

Quel est le lien entre exposition solaire et vieillissement cutané ?

Il est connu que les expositions solaires peuvent être dangereuses pour la peau, allant de simples rougeurs à des mélanomes et des carcinomes, en passant par des coups de soleil plus ou moins intenses. L'action du soleil sur la peau ne s'arrête toutefois pas là et peut également se traduire par un relâchement cutané précoce accompagné de taches brunes, véritables marqueurs de l'âge. Le soleil peut également accélérer la survenue des signes de photovieillissement suivants : sécheresse, rugosité, rides, dilatation des vaisseaux sanguins (télangiectasie)... Selon les phototypes, l'impact des rayons du soleil est relativement important.

Pour les peaux claires, certains scientifiques estiment que 80 à 90% des signes de vieillissement résultent des expositions solaires.

En effet, les différents rayons du spectre solaire ont un impact sur l'organisation des couches de la peau et leurs constituants, particulièrement les rayons UV, émettant dans la gamme de longueur d'onde de 100 à 400 nm. Si les UVB (280 - 320 nm) s'arrêtent à l'épiderme, les UVA (320 - 400 nm) peuvent s'enfoncer plus profondément et atteindre le derme, où ils provoquent plusieurs dommages. Des études ont notamment montré que ces rayonnements pouvaient réguler à la hausse l'activité du facteur de transcription AP1-1, un stimulateur de l'expression des métalloprotéinases matricielles (MMP). Or, ces dernières sont connues pour dégrader le collagène et l'élastine, les protéines de structure du derme. L'induction des MMP pourrait ainsi être un mécanisme primaire du photovieillissement.

Par ailleurs, en pénétrant dans la peau, les rayons UV y provoquent une génération en excès de radicaux libres, des espèces chimiques très réactives. Naturellement produits au cours du métabolisme énergétique cellulaire, les radicaux libres sont responsables de dommages oxydatifs des composants de la peau (protéines, lipides et ADN), conduisant finalement à un changement chronique visible de son apparence. Bien que les dégâts des radicaux libres fassent partie du processus normal de vieillissement, les dommages supplémentaires causés par les molécules générées par les UV jouent un rôle supplémentaire important dans le photovieillissement.

En temps normal, l'équilibre entre les radicaux libres et les antioxydants est conservé par des mécanismes régulateurs. Toutefois, avec l’âge et la répétition des expositions aux UV, le nombre de radicaux libres augmente et le stress oxydatif s'installe. Plusieurs études ont d'ailleurs confirmé que les rayons UV produisent suffisamment de radicaux libres pour dépasser les défenses antioxydantes endogènes. Par ailleurs, ces derniers jouent un rôle dans l'induction UVA-dépendante des MMP et favorisent la dégradation des fibres protéiques du derme, avec pour conséquence une peau moins ferme, moins élastique et moins souple.

Autre marqueur du vieillissement cutané lié à l'exposition solaire : l'apparition sur le visage de télangiectasies, des petits vaisseaux sanguins dilatés. En effet, des études ont montré que les rayons UV étaient responsables de la rigidification des vaisseaux sanguins. Combiné à la réduction progressive au cours de la vie de la densité du tissu conjonctif périvasculaire de soutien, ce phénomène entraîne une dilatation chronique, provoquant l'apparition progressive de taches rouges et de télangiectasies.

De plus, le soleil stimule la mélanogénèse, le système de pigmentation de la peau. Sous l'effet des rayons UV, le transfert des mélanosomes aux kératinocytes s'accentue, ce qui entraîne une augmentation de la production de mélanine. Par ailleurs, les mélanocytes épidermiques sont très vulnérables au stress oxydatif, phénomène perturbant la mélanogenèse et conduisant à une production excessive et désorganisée de mélanine. Ces différents éléments, couplés à l'épuisement progressif du potentiel pigmentaire des mélanocytes, mènent à l'apparition de taches brunes, aussi appelées lentigos solaires, généralement vers l'âge de 40 ans.

Enfin, un essai clinique a récemment mis en évidence le lien existant entre l'exposition solaire et le vieillissement de la peau. Celui-ci a été mené avec un très large échantillon composé de 298 femmes présentant un phototype clair et âgées de 30 à 78 ans. Les participantes ont été divisées en deux groupes en fonction de leur historique d'exposition au soleil : 157 femmes ont été caractérisées comme recherchant le soleil (groupe "soleil") et les 141 autres ont été classées comme fuyant le soleil (groupe "ombre"). Plusieurs critères se rapportant au vieillissement de la peau, tels que la présence de rides et l'existence de désordres pigmentaires et vasculaires, ont été évalués selon les classes d'âge des participantes. Les résultats sont rassemblés dans le tableau ci-dessous et montrent clairement l'impact du soleil sur le vieillissement cutané.

Critère évaluéEntre 30 et 39 ansEntre 40 et 49 ansEntre 50 et 59 ansEntre 60 et 69 ans70 ans et plus
Score de rides (entre 0 et 4)Différence non-significativeDifférence non-significative1,9 pour le groupe "ombre" et 2,7 pour le groupe "soleil"2,4 pour le groupe "ombre" et 2,8 pour le groupe "soleil"Différence non-significative
Score de désordres pigmentaires (entre 0 et 3)1 pour le groupe "ombre" et 1,8 pour le groupe "soleil"1,6 pour le groupe "ombre" et 2,2 pour le groupe "soleil"1,4 pour le groupe "ombre" et 2,3 pour le groupe "soleil"1,4 pour le groupe "ombre" et 2,3 pour le groupe "soleil"1,5 pour le groupe "ombre" et 2,4 pour le groupe "soleil"
Score de désordres vasculaires (entre 0 et 3)Différence non-significativeDifférence non-significative2,1 pour le groupe "ombre" et 2,8 pour le groupe "soleil"Différence non-significativeDifférence non-significative

Conseil : Pour prévenir le photovieillissement et vous protéger du soleil, nous vous recommandons d'appliquer quotidiennement une protection solaire avec un FPS 30 au minimum en hiver et un FPS 50 en été.

Sources

  • LEBWOHL M. & al. Collagen alterations in chronically sun-damaged human skin. Photochemistry and Photobiology (1993).

  • FINK B. & al. Chronic sun damage and the perception of age, health and attractiveness. Photochemical & Photobiological Sciences (2009).

  • SAUVAIGO S. & al. Aging and photo-aging DNA repair phenotype of skin cells—Evidence toward an effect of chronic sun-exposure. Mutation Research-Fundamental and Molecular Mechanisms of Mutagenesis (2012).

  • PIOT B. & al. Effect of the sun on visible clinical signs of aging in Caucasian skin. Cosmetic and Investigational Dermatology (2013).

  • RAMOS-E-SILVA M. & aL. Anti-aging cosmetics: Facts and controversies. Clinics in Dermatology (2013).

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