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Origine génétique rosacée

Rosacée : y a-t-il des prédispositions génétiques à présenter cette dermatose ?

La rosacée est une affection cutanée très répandue en France et dans le monde. Au cours des dernières décennies, plusieurs hypothèses ont été émises concernant les causes de cette maladie et différentes sources prêtent à la rosacée une origine héréditaire. Découvrez à la suite si la littérature scientifique fait réellement mention de prédispositions génétiques à développer la rosacée.

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Publié le 12 septembre 2024, mis à jour le 12 septembre 2024, par Marie, Rédactrice Scientifique — 7 min de lecture
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La rosacée, une cause héréditaire ?

Dermatose inflammatoire et chronique affectant majoritairement le visage, la rosacée se caractérise par une rougeur diffuse et étendue, parfois accompagnée par une dilatation des petits vaisseaux sanguins, les rendant alors apparents. D'autres symptômes accompagnent souvent cette maladie, tels que des bouffées de chaleur, une hypersensibilité cutanée ou des sensations de brûlure. Dans certains cas, la rosacée peut évoluer et entraîner l'apparition de boutons, un fort épaississement de la peau, voire atteindre les yeux.

Si les causes de la rosacée sont encore mal comprises et semblent multifactorielles, une hypothèse se détache dans la communauté scientifique : celle d'une prédisposition génétique à développer cette dermatose. Cette suspicion vient notamment de la fréquence d'apparition de la rosacée chez les sujets ayant la peau et les yeux très clairs. Il a en effet été observé que les personnes originaires des régions du Nord de l'Europe, présentant majoritairement des phototypes I à III, sont davantage touchées par la maladie que les personnes ayant la peau foncée.

D'après certaines données épidémiologiques, jusqu’à 30% des personnes atteintes de rosacée ont des antécédents familiaux de cette affection.

Une étude menée par POPKIN en 2015 a souhaité mettre en évidence le lien entre la génétique et le développement de la rosacée. Pour cela, 233 paires de jumeaux homozygotes et 42 paires de jumeaux hétérozygotes, soit 550 individus, ont été interrogés pour savoir s'ils présentaient des symptômes de la rosacée. Pour rappel, les jumeaux homozygotes partagent presque 100% de leur matériel génétique tandis que les jumeaux hétérozygotes ont environ 50% de gènes en commun. En observant l'incidence de la rosacée chez les différents jumeaux, ainsi que leurs habitudes de vie, les chercheurs ont pu établir un pourcentage de corrélation génétique, évalué ici à 46%. D'après cette étude, la rosacée semble être attribuable à parts égales à des facteurs génétiques et environnementaux, tels que l'exposition aux rayons UV, la consommation d'alcool ou le tabagisme.

Rosacée et génétique : quels sont les mécanismes mis en jeu ?

S'il semble que la rosacée soit pour partie due à des prédispositions génétiques, les gènes impliqués et les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore totalement élucidés. Néanmoins, plusieurs analyses génétiques ont permis de montrer l'existence d'un polymorphisme particulier, appelé rs763035, qui serait associé à la rosacée. Ce dernier est situé entre les gènes HLA-DRA et BTLN2. Pour rappel, le polymorphisme désigne les différentes formes que peut prendre un même gène. D'après ces constatations, il semblerait que la rosacée soit liée à trois allèles HLA de classe II, les-mêmes impliqués dans le développement de la rétinopathie du diabète de type I. Cette hypothèse va dans le sens d'autres observations épidémiologiques montrant une association de la rosacée avec certaines maladies auto-immunes.

Une étude d'OUSSEDIK menée en 2018 s'est également intéressée à la génétique de la rosacée afin de mieux comprendre les mécanismes. Les chercheurs ont notamment étudié les peptides anti-microbiens sécrétés par les kératinocytes et leur rôle dans les prédispositions génétiques de la rosacée. À la base, ces peptides se trouvent dans les glandes sébacées et ont un rôle de défense endogène contre les micro-organismes externes. En plus de leur fonction antimicrobienne, certains de ces peptides, tels que les peptides α-hélicoïdaux cationiques linéaires comme LL-37, une cathélicidine humaine, peuvent aussi augmenter la production de cytokines, contribuant ainsi à l'inflammation. LL-37 est également suspectée de jouer un rôle dans l'immunité cutanée et son dysfonctionnement pourrait influencer la pathogenèse de la rosacée.

En effet, l'analyse de la transcription dans un modèle murin a permis d’établir que la cathélicidine LL-37 était régulée à la hausse dans le cas de la rosacée. Les chercheurs ont également montré que la surexpression de LL-37 était liée à une augmentation de la transcription de TRPV4 dans les mastocytes. Or, TRPV4 garantit en partie l'homéostasie de la peau et le maintien de la barrière cutanée. Un dérèglement dans l'expression de ce gène pourrait donc être lui aussi en cause dans le développement de la rosacée.

Même si certains mécanismes commencent à se clarifier, des progrès dans la compréhension de la composante génétique de la rosacée restent nécessaires afin de développer des thérapies ciblées et d'améliorer la prise en charge de la maladie.

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