Inefficacité des antihistaminiques face à une allergie cutanée.

Allergies cutanées : que faire quand les antihistaminiques ne fonctionnent pas ?

Pour soulager les éruptions cutanées, les rougeurs ou les démangeaisons dues à une réaction allergique, il est assez fréquent de prescrire des antihistaminiques. Toutefois, dans certains cas, ces médicaments se révèlent inefficaces. Que faire quand les antihistaminiques ne suffisent plus à gérer les réactions cutanées allergiques ? Découvrez ici les traitements alternatifs permettant de mieux vivre ces situations.

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Publié le 5 novembre 2024, mis à jour le 5 novembre 2024, par Pauline, Chargée de la Communication Scientifique — 9 min de lecture

Inefficacité des antihistaminiques : quelles en sont les causes ?

Les antihistaminiques sont des médicaments qui agissent en bloquant les récepteurs H1 de l’histamine, une molécule clé dans les réactions allergiques. Lorsqu'elle se lie à ses récepteurs, l'histamine provoque une cascade de réactions, notamment une augmentation de la perméabilité des vaisseaux sanguins, responsable des rougeurs et gonflements fréquemment observés lors d'une allergie cutanée. En bloquant les récepteurs H1 de l'histamine, les antihistaminiques permettent donc de limiter ces symptômes et d'apaiser la peau. Cependant, il arrive parfois que cette action ne soit pas suffisante, et ce, pour plusieurs raisons.

  • La réponse immunitaire ne se limite pas à l’histamine.

    L’histamine n’est pas le seul médiateur inflammatoire impliqué dans une réaction allergique. D'autres molécules, telles que les leucotriènes et les prostaglandines, jouent aussi un rôle important. Ainsi, lorsque ces autres médiateurs sont en cause, les antihistaminiques peuvent ne pas être assez puissants pour bloquer l'ensemble des symptômes de l'allergie.

  • L'exposition aux allergènes a augmenté ou l'allergie a évolué.

    Contrairement à une idée reçue assez populaire, les antihistaminiques ne perdent pas en efficacité avec le temps. Toutefois, il arrive dans certains cas qu'ils ne suffisent plus à soulager l'allergie. Cela peut notamment être dû à une augmentation de l'exposition à l'allergène, susceptible de surcharger le système immunitaire. La production d'histamine dans le corps devient alors trop importante pour que les antihistaminiques puissent continuer à agir correctement et à bloquer les symptômes. Il arrive aussi que l'allergie évolue et que les individus deviennent sensibles à d'autres allergènes. Cela provoque également une accumulation d'histamine dans l'organisme, trop importante pour être efficacement prise en charge par les antihistaminiques.

  • La sensibilité individuelle ne permet pas aux antihistaminiques d'être suffisants.

    Certaines personnes métabolisent les antihistaminiques plus rapidement que les autres ou y sont naturellement moins sensibles. Cela peut limiter l'efficacité de ces médicaments, même si le dosage est respecté.

Dans ce contexte, il est parfois nécessaire d’explorer d’autres options pour atténuer les symptômes des allergies cutanées.

Comment réagir lorsque les antihistaminiques ne sont pas suffisants ?

Lorsque les antihistaminiques sont insuffisants, il existe des options thérapeutiques complémentaires pour soulager les allergies cutanées de type urticaire ou eczéma de contact.

  • Les corticoïdes.

    Les corticoïdes, comme l’hydrocortisone ou la bétaméthasone, réduisent l’inflammation locale en limitant la libération de cytokines pro-inflammatoires. Ils agissent également en inhibant le facteur de transcription NF-κB par activation de la transcription du gène de IkB, participant ainsi à réduire l'inflammation. Souvent prescrits en cas d'eczéma, les corticoïdes réduisent les gonflements, les rougeurs et les démangeaisons. Ces crèmes ou pommades sont cependant destinées à être appliquées pendant de courtes périodes. En effet, leur utilisation prolongée est susceptible d'entraîner un amincissement de la peau ou des modifications pigmentaires.

  • Les inhibiteurs de la calcineurine.

    En cas d'inefficacité des antihistaminiques suite à une allergie cutanée, il est possible d'avoir recours à des inhibiteurs de la calcineurine, comme la cyclosporine ou le tacrolimus. Ces médicaments immunosuppresseurs bloquent l’activation des lymphocytes T, un type de globule blanc impliqué dans la réaction allergique. Par ailleurs, l'inactivation de la calcineurine inhibe la déphosphorylation du facteur de transcription NF-AT et empêche sa translocation dans le noyau, ce qui bloque la libération des cytokines pro-inflammatoires telles que l'IL-2. Bien tolérés, même à long terme, les inhibiteurs de la calcineurine sont néanmoins déconseillés aux femmes enceintes ou allaitantes.

    Une étude s'est penchée sur l'intérêt des inhibiteurs de la calcineurine en cas d'eczéma. Pendant 12 mois, 267 enfants souffrant de dermatite atopique ont appliqué deux fois par jour une crème à 0,03% de tacrolimus ou un placebo. Tout au long de ce traitement, les chercheurs ont observé que le tacrolimus permettait de diminuer la fréquence et l'intensité des poussées, contrairement au contrôle. Les inhibiteurs de la calcineurine semblent ainsi être des médicaments de substitution aux antihistaminiques intéressants.

  • Les inhibiteurs des leucotriènes.

    Les inhibiteurs des leucotriènes peuvent être une solution lorsque les antihistaminiques ne fonctionnent pas. Pour rappel, les leucotriènes sont des médiateurs de l’inflammation produits en réponse à l’exposition aux allergènes et sont notamment des métabolites de l'acide arachidonique. Les inhibiteurs des leucotriènes, comme le montélukast, sont principalement utilisés dans les allergies respiratoires comme l'asthme, mais ils peuvent aussi être efficaces pour soulager les réactions cutanées allergiques. Ils agissent en bloquant les récepteurs des leucotriènes sur les cellules inflammatoires, réduisant ainsi l’inflammation globale. Cependant, l’utilisation des inhibiteurs de leucotriènes dans les allergies cutanées reste une option complémentaire, plutôt explorée quand l'allergie implique à la fois les systèmes cutané et respiratoire.

  • La biothérapie.

    Également appelée immunothérapie biologique, la biothérapie peut être utilisée pour lutter contre les allergies sévères. Cette technique fait appel à des anticorps monoclonaux injectés par voie sous-cutanée, tels que l'omalizumab ou le mepolizumab, qui ciblent spécifiquement certaines molécules impliquées dans la réponse inflammatoire allergique, notamment l'IL-2 ou le facteur de nécrose tumorale TNF-α. À noter que la biothérapie n'est généralement pas envisagée en première intention en raison de son coût et de la nécessité d’un suivi médical étroit.

  • La désensibilisation.

    Enfin, la désensibilisation est un procédé visant à exposer graduellement l’organisme à l’allergène incriminé afin que le système immunitaire finisse par le supporter. Elle est conseillée lorsque l’allergie devient invalidante, comme cela peut être le cas des allergies saisonnières aux pollens, aux acariens ou aux poils d’animaux. Il est important de savoir que le processus de désensibilisation peut être assez long et s'étendre sur plusieurs années. Par ailleurs, les effets secondaires de type réaction allergique sont fréquents au début du traitement. Néanmoins, contrairement aux autres options présentées ci-dessus, la désensibilisation a l'avantage de traiter l'allergie et pas uniquement ses symptômes.

L'utilisation de housses anti-acariens, de produits d'entretien hypoallergéniques et la limitation au maximum de l'exposition aux allergènes sont des gestes simples à ne pas minimiser dans la lutte contre les allergies cutanées.

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