Lien entre vitiligo et exposition aux acariens

L'exposition aux acariens, un facteur déclencheur du vitiligo ?

Les acariens sont de minuscules organismes fréquemment retrouvés dans les maisons. S'ils sont surtout associés aux allergies, certaines sources leur prêtent aussi un rôle dans le développement du vitiligo. Qu'en dit la littérature scientifique ? Explorons-la ensemble.

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Publié le 3 décembre 2024, mis à jour le 3 décembre 2024, par Pauline, Chargée de la Communication Scientifique — 4 min de lecture

Les acariens seraient-ils en cause dans l'apparition du vitiligo ?

Invisibles à l'œil nu, les acariens font partie de la famille des arthropodes. Ils vivent en moyenne trois mois et s'épanouissent dans des environnements chauds et humides, idéalement à une température de 25-30°C. C'est la raison pour laquelle ces micro-organismes sont surtout retrouvés dans la literie, le linge de maison, les meubles rembourrés et la moquette. Contrairement aux idées reçues, ils peuvent se développer même dans une maison propre. Surtout associés aux problèmes allergiques, les acariens sont également suspectés de participer au développement du vitiligo, une dermatose auto-immune qui se manifeste par l'apparition de taches blanches sur la peau. C'est en tout cas ce que suggère une étude publiée récemment par des chercheurs de l'INSERM.

Pour rappel, le vitiligo est caractérisé par une perte des mélanocytes, les cellules à l'origine de la pigmentation de la peau. Ce phénomène, entretenu par le système immunitaire, se fait notamment via la destruction des E-cadhérines, des protéines qui permettent aux cellules de l'épiderme d'adhérer les unes aux autres. Or, plusieurs travaux préalablement menés ont montré que les acariens produisent des protéases, des enzymes qui brisent les liaisons peptidiques des protéines. La question qui se pose est la suivante : les acariens produisent-ils une protéase qui détruit les E-cadhérines ?

Pour répondre à cette question et mieux comprendre le rôle des acariens dans la survenue du vitiligo, les chercheurs ont eu recours à des échantillons d’épiderme prélevés sur des patients atteints de vitiligo et sur des volontaires non atteints. Ils ont ensuite exposés ces échantillons à des acariens et ont observé que cette mise en contact provoquait la sécrétion de chimiokines et de cytokines pro-inflammatoires, ainsi qu'une augmentation de la concentration en protéases, avec des réponses dose-dépendantes : plus la quantité d’acariens utilisée pour l’expérience était élevée, plus les concentrations en cytokines et en protéases étaient fortes. Par ailleurs, ils ont confirmé que l'une des protéases relarguées par les acariens, la Der p1, est responsable de la destruction des E-cahérines dans l'épiderme et du détachement des mélanocytes.

Ces différents phénomènes, observés dans l'ensemble des échantillons, étaient environ cent fois plus important dans ceux issus des patients atteints de vitiligo. Cela a conduit les chercheurs à suspecter une susceptibilité accrue aux acariens de certaines peaux, avec des jonctions cellulaires plus fragiles au niveau de l’épiderme et un système immunitaire plus réactif. Toutefois, certaines zones d’ombre subsistent : l’exposition aux acariens est-elle un véritable facteur déclencheur du vitiligo, ou les allergies aux acariens représentent-elles simplement une comorbidité fréquente associée ? Pour répondre à ces questions, des recherches supplémentaires sont encore nécessaires, l'étude citée précédemment étant à ce jour la seule menée sur ce sujet.

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