Impact de la pollution sur le vitiligo.

Un rôle de la pollution dans la survenue du vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie auto-immune occasionnant des taches blanches sur la peau. Bien les mécanismes menant à son apparition soient aujourd'hui partiellement élucidés, plusieurs facteurs environnementaux sont encore suspectés d'être impliqués dans la pathogenèse du vitiligo. Parmi eux, la pollution est considérée comme un potentiel déclencheur ou aggravateur de cette condition. Explorons ensemble ce qu'il en est.

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Publié le 12 décembre 2024, mis à jour le 12 décembre 2024, par Pauline, Ingénieure chimiste — 6 min de lecture

La pollution de l'air est-elle impliquée dans le vitiligo ?

Qu'elle soit d'origine naturelle ou anthropique, la pollution a des effets importants sur la santé humaine, mais aussi sur la peau. Elle est définie comme suit par par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "une contamination de l'environnement intérieur ou extérieur par tout agent chimique, physique ou biologique qui modifie les caractéristiques naturelles de l'atmosphère." On distingue de nombreuses sources de polluants, parmi lesquelles les marécages, les décompositions biologiques, les centrales thermiques ou encore l'incinération des ordures ménagères et des déchets industriels. Même si la pollution atmosphérique sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones d'activité, les milieux ruraux ne sont pour autant pas épargnés.

La pollution est aujourd'hui considérée comme un déclencheur possible de certaines maladies auto-immunes, y compris le vitiligo. Cette hypothèse vient notamment de l'association entre un stress oxydatif élevé et la survenue du vitiligo. Plusieurs études ont en effet montré une sensibilité accrue au stress oxydatif des patients atteints de vitiligo et la présence chez ces derniers d'un déséquilibre cellulaire entre les pro-oxydants et les antioxydants. Il a été suggéré que ce déséquilibre pourrait être responsable de la sensibilité accrue des mélanocytes aux stimuli pro-oxydants externes, tels que la pollution et, au fil du temps, de l'induction d'un état de présénescence. Par la suite, la génération et l'accumulation de radicaux libres dans les cellules pourraient endommager l'ADN et altérer la fonction cellulaire des mélanocytes. Par ailleurs, le stress oxydatif favorise l'inflammation, un facteur important dans la progression du vitiligo. L'activation des cytokines inflammatoires, telles que le TNF-α, l'IL-1 et l'IFN-γ, peut de fait augmenter l'infiltration des cellules immunitaires dans la peau et intensifier l'attaque des mélanocytes.

Or, la pollution, en particulier celle d'origine anthropique, constitue une source majeure de pro-oxydants. Elle comprend des particules fines (PM2,5 et PM10), des oxydes d'azote (NOx), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des radicaux libres issus de la combustion des carburants fossiles et des industries. Ces agents sont capables de pénétrer dans la peau, où ils génèrent un stress oxydatif exacerbé et où ils peuvent causer des dommages directs aux cellules de la peau, y compris aux mélanocytes. Une fois à l’intérieur des cellules, les particules de pollution réagissent avec les lipides, les protéines et l'ADN, créant des radicaux libres et entraînant des processus d'oxydation qui perturbent l’équilibre cellulaire. Ces perturbations pourraient être particulièrement importantes chez les personnes prédisposées au vitiligo, très sensibles au stress oxydatif.

Une étude récente s'est intéressée au lien entre le vitiligo et la pollution et a pour cela utilisé la méthode dite de randomisation mendélienne. Cette technique utilise les propriétés de la génétique pour mieux comprendre les relations de cause à effet entre un facteur externe et une maladie. Pour réaliser cette randomisation mendélienne, les chercheurs ont utilisé des informations provenant de plusieurs grandes bases de données génétiques et ont examiné l'effet de deux polluants, les particules fines (PM2.5) et les oxydes d'azote (NOx), sur certaines maladies auto-immunes comme le vitiligo. L'analyse a conclu à un lien potentiel entre les particules fines et le vitiligo, c'est-à-dire qu'il est possible mais pas certain que la pollution soit un facteur déclencheur ou aggravateur du vitiligo.

Au vu du rôle bien établi du stress oxydatif dans le vitiligo et de l'impact de la pollution sur ce mécanisme, il semblerait logique de considérer la pollution comme un élément susceptible d'influencer cette maladie. Cependant, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse et mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.

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